Women
7.6
Women

livre de Charles Bukowski (1978)

« Combien j’ai connu d’inconnues toutes de rose dévêtues »

Sordide énumération ou discret hommage. Expiation ou illusion. La fiction, pour Bukowski, n’est que l’amélioration de la réalité. Cette simple conclusion, négligemment oubliée aux côtés d’une orgie romaine, est la clé de la compréhension de ce récit.
Buk, comme beaucoup d’écrivains de sa génération, ne narre que sa propre existence. Enrobée de fiction.
Son verbe est simple, accessible, vulgaire, humain. Son propos est si cru, si réaliste, qu’on en oublie l’essentiel. La fiction. Amélioration de la réalité.
Il faut lire entre les lignes. Il faut comprendre l’auteur. Il faut aimer ce vieux dégueulasse et croire en sa bonté. Car c’est un brave homme.

« Combien de ces fleurs qu’on effleure et qui s’entrouvrent puis se meurent »

Il fait pourtant des dégâts autour de lui, l’éléphant. Son passage laisse rarement indifférent. Des cris. Des pleurs. Du verre brisé. Des cœurs brisés.
Mais elles reviennent.
Car c’est un brave homme. Il a plus d’amour à donner que quiconque ici-bas. Ce trop-plein d’amour, cette fragilité intérieure est la seule cause de son apparente froideur. Terrifié par son public, apeuré par les femmes qui l’entourent, dépassé par l’alcool qu’il consomme plus que de raison, le malheureux se réfugie derrière ce masque de nonchalance que nous lui connaissons.

« Il ne reste rien, je le crains, que ronces mortes sans parfum »

Brisé, laissé pour compte, la gueule ravagée, Bukowski romance sa vie sexuelle. Laissant libre court à ses fantasmes les plus sauvages, brisant par l’écriture les tabous du monde moderne, il peint le portrait d’un sale type et en fait sa confession. Conscient de ses échecs, il stigmatise à outrance sa personnalité à l’heure de ces torrides moments de vérité.

« Amour sans amour, rien n’est plus triste »

Mais tout ceci n’est que prétexte à distiller, à la seule attention du lecteur averti, ses réflexions sur l’existence. Tantôt universelles, générales. Tantôt égocentrées. Tantôt spécifiques. Toujours pertinentes. Souvent émouvantes.
Parfois, essentiellement en fin de récit, ces pensées prennent de l’ampleur et s’étalent sur de nombreuses lignes. Le plus souvent, elles sont brèves, synthétiques, concises.
Tout l’art de Bukowski est là, dans ces quelques mots choisis avec soin, dans ses offrandes de réalité à une fiction plus vraie que nature.
-IgoR-
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le 15 avr. 2014

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