"on ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux"
Il s'appelle August, il a 10 ans. Rien que le nom, est déjà illustre.
August Pullman fait sa rentrée au collège. Jusque là, rien d'extraordinaire. Stressé, anxieux, angoissé, mais qui ne l'est pas, pour tous les 6ème c'est une sorte de révolution, un passage, un rituel.
Un rituel qui va tout de même s'avérer ardu pour August, qui est né avec une malformation faciale. Depuis la plus "tendre" enfance, ce petit garçon doit subir toutes sortes d'opérations qui lui construisent tant mal que bien "un visage", qui reste cependant insoutenable pour la vue des gens "normaux".
Malgré le regard fuyant ou insistant des passants, August réussit quand même à être heureux, grâce à un doux cocon familial.
Sa soeur, ses parents, son chien, ses quelques amis constituent le petit monde équilibré d'August. Comme dit Via, sa soeur : "August, c'est le Soleil. Maman, Papa et moi, nous sommes les planètes en orbite autour de cet astre. Le reste de la famille et nos amis sont comme des astéroïdes et des comètes, qui tournent autour des planètes qui gravitent elles-mêmes autour du Soleil"
Mais voilà, la rentrée au collège, c'est le séisme qui vient détruire cet univers. August devra, pour son bien et celui des siens, affronter le regard des autres et découvrir le "vrai" monde, ses merveilles comme ses bassesses. Un vrai parcours initiatique, pour lui, mais aussi pour ses camarades, qui devront apprendre à l'accepter malgré son apparence.
J'ai apprécié les différents points de vue adopté par l'auteur. Le roman est en effet découpé en plusieurs parties, chacune occupée par un narrateur différent : d'abord August, puis sa soeur Via, son ami(e) Summer, son ami Jack Will, Justin, le petit ami de Via (le chapitre le plus "distancé" par rapport à August), Miranda, "ex-meilleure amie" de Via, et à nouveau August pour le bouquet final.
Chaque personnage offre une richesse à la narration, et permet à l'entourage d'August de prendre de l'importance, et au lecteur de se rendre compte du ressenti des proches. L'épreuve d'August, sa malformation, ses sentiments (joies comme peines), restent bien sûr en premier plan, mais il est intéressant de comprendre les sentiments des autres. Par exemple, celui de sa soeur de 15 ans, Via, qui a du faire preuve très tôt de maturité pour ne pas se sentir "délaissée" par des parents préoccupés comme il se doit par son petit frère malade. Il montre aussi la vision la plus "adulte" du livre. Le point de vue de Jack Will, qui doit faire "un choix" entre son amitié avec August et celle des autres enfants qui évitent August comme la "peste" est également très intéressant.
L'auteur insiste beaucoup sur les valeurs morales (trop peut être, ça en devient un peu lassant). Le récit est construit sur la base de préceptes (introduit par le professeur d'anglais), de citations en début de chapitre (chansons, romans- cf citation du petit prince comme titre de la critique), et finit par un discours plein de bonté et de principes du directeur du collège. Malheureusement, j'ai trouvé que la dose administrée était un peu trop forte et qu'elle donnait de la lourdeur au récit. L'action des personnages était déjà significative en soi.
"Wonder" est donc un apologue parfait à destination des adolescents, qui ne manqueront pas d'en tirer les leçons dictées par l'auteur tout au long du livre : allant de l'épigraphe, à chaque début de chapitre jusqu'à l'appendice et le 4e de couverture -"ne jugez pas un garçon sur son apparence"-
C'est cependant un belle histoire, avec de beaux personnages, et un bel happy end. Une belle leçon de vie, qui donnera malgré tout à réfléchir et qui ne manquera pas de vous faire pleurer comme rire.