Tourbes, embruns et destin tragique
Peter May est un maître incontesté.
Il a réuni tous les ingrédients nécessaires pour faire un très bon polar, mais il a su ajouter une touche très personnelle et unique, véritable cerise sur le gâteau, pour faire sortir son oeuvre du lot. Une atmosphère pesante transmise par les paysages austères des îles hébrides que l'auteur, écossais d'origine, décrits avec talent. Des personnages torturés, hantés par leurs passé. Et un retour sur l'histoire de l'Ecosse des années 1950-1960 et sur le destin tragique des orphelins catholiques malmenés par le destin... Tout ces éléments prennent vie sous une plume maîtrisée qui transporte le lecteur à travers toute une palette d'émotions.
L'homme de Lewis, second opus de la trilogie qui se déroule dans le cadre magnifique de ces îles chargées d'histoire, est donc un livre d'une très haute qualité. L'auteur, que j'ai eu la chance de rencontrer, a avoué faire des mois de recherches avant de commencer à écrire. Et cela se ressent dans la lecture, l'histoire est riche, les personnages travaillés et attachants... Peter May réussit à nous faire voyager, dans l'espace, au coeur de l'Ecosse insulaire, comme dans le temps.
Un vrai roman noir dont on a du mal à émerger, plongé dans ce décor saisissant et rude de l'île de Lewis. Une seule envie apparaît alors que l'histoire se termine : se replonger dans les autres tomes, où aller se perdre pour de bon dans la lande brûlée et les embruns glacés.