Globalement, cette lecture fut une montagne russe, avec plus de bas de de hauts dans le manège.
Les idées débattues sont intéressantes et actuelles : le racisme classique comme "inversé", le wokisme à outrance, les préoccupations pécuniaires et la course aux likes qui prennent le pas sur celles du talent, du mérite et de l'Art en général. L'appropriation des histoires personnelles et des sentiments des gens par un auteur, et la question de son éthique. Les sentiments d'injustice, l'isolement social, l'immense besoin de reconnaissance. La rapidité avec laquelle on peut se retrouver englué(e) dans ses propres mensonges, et avec laquelle ils peuvent se retourner contre nous. La malveillance, la surveillance constante, les blessures d'égo, les sentiments communautaires parfois propices aux raccourcis nocifs, la façon dont on peut vite (tous et toutes) perdre nos valeurs morales en adoptant des postures de victimes sensées justifier cette perte. Il y a beaucoup de thèmes intéressants, brillamment illustrés par des personnages savamment étoffés.
Mais il y a un problème de rythme certain. On attend qu'il se passe quelque chose, mais finalement, jamais rien. Un petit séisme sur les réseaux, la poussière qui retombe, puis le suivant. La menace du surnaturel et/ou de la folie, qui vient et qui repart. Mainte fois l'on se dit, ça va décoller ! Et puis en fait, non. Le rebondissement final tarde à venir, est vite expédié, un poil décevant et décousu. L'idée était bonne, mais la mise en forme n'a pas suivi (on nous vend un thriller : je cherche encore pourquoi). Dommage, parce que le portrait psychologique de la narratrice était parfait, et l'écriture, très efficace.