J'ai l'habitude d'essayer de vendre un minimum un livre. En toute honnêteté, ici, je vais peiner à le faire.
Yellowface, phénomène littéraire de l'année 2023, s'est retrouvé propulsé des ventes dans plus d'une dizaine de pays différents à travers le monde. De grands auteurs de renom, comme Stephen King ou de magazines comme The Guardian, ont ventés la qualité notoire de ce roman. Pourtant, ce livre m'a laissé sur ma faim, voire à l'agonie, et je vous confirme que je ne suis pas la lectrice la plus compliquée à convaincre.
Le roman oppose deux personnages : Athena Liu, jeune autrice prometteuse, extrêmement riche, modeste, avec des centaines de milliers de followers sur les réseaux sociaux. Et puis, il y a June Hayward, aussi une jeune autrice, qui a étudié avec Athena à Yale, mais qui peine à se faire éditer et à connaitre le même succès que la première.
Un soir, Athena s'étouffe (ceci n'est pas un spoiler, étant donné que la mort de ce personnage est mentionné dans le résumé de la quatrième de couverture). Son amie tente de la sauver, en vain. Athena décède à 27 ans, laissant derrière elle un nouveau manuscrit dont personne n'a lu une seule page sauf, bien sûr, June (voyez vous ce qu'il va se produire ?).
Bon, au-delà du scénario prévisible à plus de quinze kilomètres à la ronde, les personnages sont d'un abomination inimaginable. Athena est dépeinte comme la femme parfaite, alors qu'au travers les yeux de June, la narratrice, on perçoit une jeune demoiselle Liu agaçante au plus haut point, qui aime parler d'elle à de nombreuses reprises et qui oublie n'importe quel détail de la vie d'autrui, parce que oui, il n'y a qu'elle qui compte.
June, quant à elle, transpire le manque de confiance en elle. Certes, elle reflète ce que beaucoup d'autres personnes sont, je ne vais pas le nier. Mais de là à voler le texte d'une amie défunte pour obtenir la gloire et le succès qu'elle désespère à gagner, je trouve que cela relève du grotesque. Sauf que le problème ne s'arrête pas là. Elle s'approprie également l'Instagram d'Athena et June se fait passer pour elle. Au-delà du vol d'identité, se cache également une forme de racisme qui fait mal. En effet, il est important de souligner que June est blanche et se fait passer pour une personne d'origine asiatique. L'appropriation culturelle, June, c'est vraiment moche.
J'ai bien conscience que R.F. Kuang cherche à dénoncer de nombreux travers du monde de l'édition. Cependant, je trouve que cela était poussé à l'extrême dès le début et fait que le lecteur aura une vision biaisée tout au long du livre. C'est pourquoi, j'ai attribué cette petit note, malgré le talent indéniable de cette autrice.