Meursault, contre-enquête était un livre formidable. Impossible de ne pas poursuivre avec Kamel Daoud et ce Zabor qui s'annonçait comme une fable, une parabole, une confession vertigineuse (dixit la quatrième de couverture). Le sous-titre du roman, Les psaumes, aurait pu pourtant alerter. D'emblée, le personnage dont on va lire le monologue est parfaitement identifié et son don révélé : par l'écriture, il réussit à repousser la mort du corps de villageois dont la dernière heure avait pourtant sonné. Et un grand défi l'attend : faire de même avec son père avec lequel les relations ont toujours été tendues. Pendant plus de 300 pages, d'une écriture ciselée et très belle, d'autant plus que sa langue maternelle n'est pas le français, Zabor raconte ou plutôt s'épanche sur son cas, clamant son amour des mots, de la littérature et de l'écriture. Un roman, vraiment ? Certes, le livre narre la vie de Zabor, au gré des chapitres, de ci, de là, dans le désordre; mais ne serait-ce pas plutôt un essai déguisé en conte, sur une thématique certes passionnante mais étirée en longueur et redondante au fil de pages qui semblent de plus en plus lourdes à tourner. Ce personnage de Zabor, comme celui de sa tante et de son père ou encore de la veuve qu'il aimerait aimer, sont tout à fait dignes d'intérêt mais les péripéties de leurs existences sont noyées par de longs passages aux frontières de l'hermétisme qui suscitent une lassitude certaine, tout du moins chez ceux qui, dans un roman, privilégient le récit pur et dur. Un rendez-vous manqué qui n'enlève rien au talent certain de Kamel Daoud mais qui fait s'interroger. Brillant journaliste, l'oranais est également un très bon écrivain mais est-ce bien le roman, le genre dans lequel il trouve sa meilleure expression ?