Critique de Zorro par anitasempels
Surprenant, rien à voir avec la série télé. Au contraire, le lecteur apprend beaucoup sur la Californie de la fin du 18ième siècle.
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le 12 juin 2012
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Une double découverte !
D'abord l'histoire de l'enfance imaginaire de ce personnage de légende, tout de noir vêtu, "qui signe à la pointe de son épée, etc etc".
Et puis cette romancière chilienne Isabel Allende qui est une véritable conteuse (j'espère que ça se dit) qui sait ménager ses effets et qui parvient à rendre captivant ce livre de plus de 500 pages …
Isabel Allende, nièce du président Salvador Allende, vit en exil depuis 1975 et, actuellement, en Californie.
Tiens, tiens, la Californie, justement, du temps où elle dépendait de l'Espagne au début du XIXème siècle, nous ramène au sujet du roman.
Isabel Allende a fait un roman qui raconte, exclusivement, la jeunesse de Zorro. Elle s'est interdite de toucher au personnage que l'on connait à travers les séries ou les films. Pas la moindre égratignure de la légende de sorte à ne surtout pas mécontenter les aficionados qui pourraient ne pas retrouver leur héros dans son intégralité. Par contre, elle bâtit de A à Z (c'est le cas de le dire) un chemin initiatique qui part d'avant la naissance de Diego de la Vega jusqu'à, grosso modo, l'âge de vingt ans où il commence ses exploits de justicier en Californie.
On découvre ainsi qu'il a un quart de sang indien puisque sa mère qui s'appelle Toypurnia puis Regina (après sa conversion) avant de se marier avec Don Alejandro de la Vega. Elle est la fille d'une chamane et d'un capitaine espagnol. Par curiosité, j'ai trouvé sur Google la trace d'une certaine Toypurina qui fut, vers la même époque, une guérisseuse et cheffe indienne qui rassembla des tribus contre l'envahisseur espagnol … Bien que non mentionnée dans le roman, j'ai trouvé la coïncidence quand même assez forte.
Bernardo est le frère de lait de Diego et complètement indien et deviendra muet, comme on le sait bien …
Dès leur plus jeune âge, ils sont sensibilisés aux injustices causées par certains espagnols et autres malotrus. Diego et Bernardo devront suivre un chemin initiatique qui passera par une série d'épreuves (indiennes) puis un passage à Barcelone pendant quatre ou cinq ans pour affermir les personnalités des deux enfants.
D'ailleurs, les films classiques sur Zorro démarrent, en général, après son retour d'Espagne.
Garcia !! Eh bien, on ne s'étonnera pas qu'il soit un camarade de jeunesse qui a toujours été gourmand, avec un physique avantageux et sujet aux quolibets et méchancetés des autres enfants. Evidemment, sauf de Diego qui prend, toujours, sa défense ! Et puis Tornado que Diego découvre comme un jeune poulain avant qu'il devienne le fier et obéissant cheval noir qu'on connait tous …
Le plus beau, c'est Diego, qui est un grand romantique doublé d'un esprit chevaleresque. Il écrit des vers qu'il transforme en chansons. Une, en particulier, a l'heur de plaire aux enfants : la chanson évoque "un vaillant cavalier qui fait son apparition par les nuits de lune, pour défendre la justice, châtier les méchants et graver la lettre Z de la pointe de son épée".
Alors là, alors là, j'ai trouvé ça tout-à-fait génial de penser que le héros de légende (du XIXème siècle) va même jusqu'à créer la chanson des génériques des films ultérieurs. Si ça, ce n'est pas formidable, à moi la peur !
Et d'ailleurs, je vais terminer sur cette composante essentielle du roman. En effet, Isabel Allende manie avec un grand bonheur un humour léger mais constant dans le roman (Un second degré, pourrait-on dire). Attention, ce n'est pas du tout comique ou burlesque mais le respect absolu de l'avenir (connu) du personnage que met en scène Isabel Allende, fait que le lecteur a régulièrement le sourire aux lèvres.
Ce livre, qui fourmille d'une foule de petits détails, d'anecdotes qui expliquent avec une grande logique et une grande précision comment s'est peu à peu construit le héros, est passionnant. Finalement, on est tout-à-fait dans le conte pour adultes mais uniquement pour ceux qui ont conservé un (petit) regard enfantin.
Personnellement, découvrant avec bonheur cet auteur, il va de soi que j'essaierai de lire autre chose d'Isabel Allende
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Créée
le 30 mars 2023
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