Cette chanson, qui n’est peut-être pas la meilleure de tout l’album, me fait un effet de dingue, entre son rythme, ses sons assumés et ses dérapages de voix. Les paroles, dans leur signification, sont en dessous du reste – mais sonnent relativement bien et sont donc supportables, pour peu que l’on soit capable de faire semblant de ne pas comprendre un mot d’anglais, jeu dans lequel j’excelle.
Il y a d’abord eu la première écoute, qui soulève un petit peu de curiosité, sur laquelle je retiens le numéro de la chanson, puis je passe à la suivante – terminer le disque avant de repasser une chanson en boucle, toujours, histoire d’avoir une vue d’ensemble.
Il y a ensuite la seconde écoute, puis toutes celles qui suivent, effectuées alors que je lisais un texte et que les images s’accordaient à la chanson, naturellement. Il n’y avait plus de livre, plus de musique : les deux ensembles. Une sublimation de plus en plus grande.
Puis il y a l’écoute, à fond par les écouteurs et dans un endroit calme, pour préparer sa surdité future et pouvoir adresser des grimaces aux oreillogues spécialistes de la surdité MPienne ; et là, les tons de voix qui se distinguent clairement, les instruments qui se détachent et permettent de comprendre l’unité du tout. L’image d’une adolescente qui s’élance vers sa foi, vers sa propre vie, avec tellement d’impatience qu’elle ne parvient pas à contenir sa voix dans les tons justes tout le temps, pas tout à fait ; qui s’énerve en chantant, qui met de soi, parce que c’est avec son chant qu’elle appelle la vie et tout ce à quoi elle aspire : la beauté ; mais ne peut s’empêcher de retomber dans une enfance plus ou moins contrôlée, une enfance déchainée, pleine de hargne dans ses « nananos ». Et le tout couvert par un fond musical, qui, s’il n’est pas rare et assez proche de ce que fais la chanteuse habituellement, a le mérite de posséder un bon rythme et de s’accorder parfaitement – pour moi – avec ces images sublimes évoquées par la chanson.
Alors ces images sont peut-être candides et totalement manipulées par la chanteuses, sur moi, elles font mouches, et elles me forcent à me bousiller les oreilles – encore, encore, encore.