Ma préférée de Sardou. Eh ouais, Sardou, chanteur volontiers classé droite réac', conformiste, chanteur d'une France naphtaline blabla, eh ben, il a quand même chanté ça quoi, ce rebelle. Véritable majeur levé en direction de l'espèce humaine, le misanthropomètre est à 200 : ça tire à vue et sur tout le monde.
« J'accuse les hommes de salir les torrents
D'empoisonner le sable des enfants
De névroser l'âme des pauvres gens
De nécroser le fond des océans
J'accuse les hommes de violer les étoiles
Pour faire bander le Cap Canaveral
De se repaître de sexe et de sang
Pour oublier qu'ils sont des impuissants »
[...]
J'accuse les hommes je veux qu'on les condamne
Au maximum qu'on arrache leur âme
Et qu'on la jette aux rats et aux cochons
Pour voir comment eux ils s'en serviront »
Franchement, c'est du lourd, ça torpille sec — bordel, y'a même un message écolo, et en 96 on peut pas vraiment dire que l'écologie occupait tout le temps d'antenne. À cette époque, pour trouver de telles punchlines, il fallait ce tourner vers le punk ou le rock extrême — bon dans le rap y avait beaaaucoup plus graveleu, mais avec beaucoup moins de fond généralement, même si oui je sais, le rap parle parfois de problématiques sociales (un aspect très largement surestimé à mon sens, quand on met sur ça la balance avec tout le contenu wesh-nique ta reum-je veux du cash et du uc, mais c'est un autre sujet !)
Le truc surprenant, surréaliste même, c'est de tomber sur ça après Le Rire du sergent ou La Maladie d'amour. Comme quoi, le père Sardou aura vraiment été un personnage plein de contrastes jusqu'au bout. Décrié, vilipendé, objet du scandale (comme tous les gens a minima intéressants, finalement), il a toujours prouvé qu'il en avait sous le capot pour répondre à ses détracteurs. Cette chanson le prouve.
J'aurai toujours des souvenirs tendres des chansons de Sardou, car ma mère et ma grand-mère les écoutaient. Même s'il est loin de mon univers musical, force est de reconnaître que certaines sont vraiment jolies. Et puis il a fait J'accuse, et pour ça, il a mon respect éternel !