Mélodie de Fauré sur un poème "Paradis", premier titre du cycle "la Chanson d'Ève" du poète belge Charles Van Lerberghe.
J'ai l'air savant comme ça mais en fait, à cause de ma façon de procéder sur SC, je ne fais que découvrir le nom du poète et le détail du poème auquel je n'avais jamais prêté attention lorsque j'écoutais la mélodie. Et ce n'est pas si inutile que ça, puisque sous la mélodie les paroles sont magnifiques …
Je connaissais la mélodie chantée par Véronique Diestchy (qui chante aussi les mélodies de Debussy) ; mais là, j'essaye une autre cantatrice qui a une voix superbe, Elly Ameling.
C'est le premier matin du monde,
Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
Un jardin bleu s'épanouit.
Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
Glissements d'ailes,
Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux,
Murmure immense,
Et qui pourtant est du silence.
Ouvrant à la clarté ses doux et vagues yeux,
La jeune et divine Ève
S'est éveillée de Dieu,
Et le monde à ses pieds s'étend comme un beau rêve.
Or, Dieu lui dit: "Va, fille humaine,
Et donne à tous les êtres
Que j'ai créés, une parole de tes lèvres,
Un son pour les connaître".
Et Ève s'en alla, docile à son seigneur,
En son bosquet de roses,
Donnant à toutes choses
Une parole, un son de ses lèvres de fleur:
Chose qui fuit, chose qui souffle, chose que vole...
Cependant le jour passe, et vague, comme à l'aube,
Au crépuscule, peu à peu,
L'Eden s'endort et se dérobe
Dans le silence d'un songe bleu.
La voix s'est tue, mais tout l'écoute encore,
Tout demeure en l'attente,
Lorsqu'avec le lever de l'étoile du soir,
Ève chante.
Ah, si seulement, elle n'avait pas croqué la pomme …
https://www.youtube.com/watch?v=UetZK9fHGg4