C'est une chanson de 1966 qui a – un peu seulement – perdu de son intérêt aujourd'hui. En effet, (il parait que) dans les années 65, le bruit avait couru que Brassens était gravement malade. Il a donc écrit cette chanson pour, peut-être, conjurer le destin mais surtout pour tenter d'arrêter les médias de fouiller dans sa vie.
Ce n'est pas la première fois car, en 1962, dans les "trompettes de la renommée", par exemple, il déplorait l'attitude de ces mêmes médias qui ne savaient parler d'un artiste que s'il y avait des potins bien graveleux. Or Brassens est un homme qui a toujours tenu farouchement à sa vie privée. Même s'il ne cesse de se raconter dans nombre de ses chansons, c'est toujours avec poésie et avec discrétion.
Alors quand je dis plus haut, que la chanson n'a perdu qu'un peu de son intérêt seulement, c'est qu'aujourd'hui les médias se sont multipliés et sont encore plus indiscrets et plus lourds pour répondre à une demande toujours plus forte. À moins que ce soit ces mêmes médias qui poussent à la consommation.
Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette
Durant les moments creux dans certaines gazettes
Systématiquement, les nécrologues jouent
À me mettre au linceul sous des feuilles de chou
Brassens prend donc, cette fois, le parti de se moquer directement de ces journaleux qui passent le temps à se délecter dans la merde tandis que leurs épouses, qui s'ennuient, visitent le lit de Brassens.
Et si vous entendez crier comme en 14
"Debout, debout les morts" ne bombez pas le torse
C'est l'épouse exaltée d'un rédacteur en chef
Qui m'incite à monter à l'assaut derechef
Pour finir, je vais conclure par le vers de Mallarmé, poète que Brassens admirait.
Je suis hanté, l'azur, l'azur, l'azur, l'azur
Evidemment, Brassens l'avait très légèrement adapté aux circonstances sans en modifier le rythme.
https://www.youtube.com/watch?v=IMPCklkWCrY