Un étonnement quand on écoute cette chanson, c'est la place qu'accorde Georges Brassens au dieu Pan de la mythologie grecque. Parce qu'enfin, ce n'est quand même pas lui, le patron de l'Olympe …
C'est que Pan, qui n'est d'ailleurs pas forcément un dieu à part entière suivant la filiation qu'on lui attribue, reste un dieu très populaire chez les grecs. Tout le monde s'accorde à dire que Pan était très laid avec ses pattes de bouc et ses cornes. Il était tellement repoussant sur l'Olympe qu'il décida lui-même de partir et de se cacher dans la campagne au milieu des bergers, des satyres et des nymphes. Bien lui en a pris car c'est en voulant conquérir la nymphe Syrinx, qu'il invente même un instrument de musique et "devient" le dieu de la musique.
Tout le monde sait aussi que Pan était réputé pour ses grandes capacités sexuelles faisant de lui un dieu de la fécondité. Nombreuses furent les (jolies) nymphes à tomber dans ses filets … C'est aussi un redoutable chasseur de fauves et par conséquent un protecteur des troupeaux. Et comme il était très proche de la cour de Dionysos, bien entouré de satyres et de (jolies) nymphes, il ne crachait pas sur le vin et était ainsi devenu un défenseur des buveurs …
Bref, tout ça pour dire qu'il n'était peut-être pas apprécié sur l'Olympe pour sa laideur et son odeur, en tous cas, question bibine et bagatelle, il trouvait beaucoup d'amateurs et de défenseurs chez les (pauvres) humains. Car Pan les comprenait si bien au point de toujours prendre leur défense (comme à l'occasion de la bataille de Marathon où il contribua à la victoire).
Au point qu'au moment de la montée en puissance du christianisme, Pan était le dieu à abattre. Les chrétiens s'appuyaient sur le caractère un peu (beaucoup) scandaleux, un peu (beaucoup) sulfureux du gaillard pour l'assimiler à Satan. Pan fut donc un des angles d'attaque pour abattre le paganisme. C'est depuis ce temps-là, qu'on rigole nettement moins chez les humains …
C'est pourquoi, s'inspirant de Plutarque, Brassens s'écrie :
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.
…
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.
Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.
Brassens adore puiser son inspiration dans la mythologie grecque, source inépuisable de personnages fascinants, d'histoires qui ont traversé les siècles pour faire rêver à ces temps anciens où les êtres humains semblaient pouvoir profiter des bonnes choses, qui font l'intérêt de la vie., sans frein et en étant, en plus, couvert par le dieu ad hoc. Que demande le peuple !
https://www.youtube.com/watch?v=SaKeQjjzExA