Cette chanson est à mettre en perspective avec "l'orage" qui reprend un peu le même sujet. Dans les deux cas, un homme, Georges Brassens, se trouve dans la position de protéger une femme de la pluie (ici), du tonnerre (là).
Dans les deux cas, l'homme rêve ou imagine que l'aventure puisse aller plus loin. Mais les aventures resteront éphémères … même si le poète aurait bien voulu que la pluie se transforme en déluge pendant quarante jours.
Un petit coin de parapluie
Contre un coin de paradis
La pluie, désagréable en soi et si peu enthousiasmante, se fait ici la complice de Brassens pour rendre l'instant merveilleux.
Chemin faisant, que ce fut tendre
D'ouïr à deux le chant joli
Que l'eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie
Belle aventure où on sent que le cœur de Brassens frissonne d'émotion en proposant modestement un petit coin de parapluie avant de se terminer par :
Un petit coin de paradis
Contre un coin de parapluie
Le court moment vécu sous le parapluie était bien un moment de bonheur que le poète a su capter.
Je trouve cette chanson bien plus délicieuse et délicate que "l'orage" où Brassens recueille chez lui une voisine qui a peur du tonnerre et où "l'amour a fait le reste", juste le temps de l'orage. Dans "le parapluie", le moment de grâce du coin de paradis est rompu par un "grand merci" de la femme. Brassens reste alors sur la route avec son parapluie et son rêve tout en regardant la femme s'éloigner seule.
Et je l'ai vue toute petite
Partir gaiement vers mon oubli
https://www.youtube.com/watch?v=EEsbM0gKrME