Je me souviens, Alain.
J’étais déjà plus un gamin mais quand tu es parti, j’ai pleuré.
J’ai donné tout ce que j’avais en stock.
Une loque.
Un peu comme quand, vers mes 7 ans, je me cachais au fond de la cour pour pleurer en me disant que ces gens ne pouvaient décidément pas être mes vrais parents.
Je me suis dis que je n’avais pas eu le temps de te dire au revoir.
J’avais vu les affiches de toi dans le métro.
Tu portais un chapeau et des lunettes de soleil pour appréhender la nuit qui s’annonce.
Dans un costard en noir et blanc.
Décharné.
J’ai eu le coeur serré.
Normal, les nuits passées à ricocher avec toi, ça crée un lien, un élastique.
Restait ta bouche, ce fruit, peut-être encore plus charnue.
Tu allais m’abandonner ?
Tu étais déjà Top 2 dans ma liste des kabyles qui pèsent, juste devant Zidane et juste après Adjani.
Faut quand même pas déconner.
Alors j’ai pleuré.
Pleuré d’avoir baissé les yeux quand je sortais à Saint-Mandé Tourelle.
Pour pas croiser les tiens.
Pleuré de pas avoir eu la force, de pas avoir eu le cran.
Je te demande pardon.