Une des chansons que je préfère de Georges Brassens. Une des plus politiques aussi. À travers les paroles douces-amères et teintées d'un léger humour, il martèle le fond de sa pensée.
La contrebasse de Pierre Nicolas et sa guitare sont comme sous tension tandis le guitariste additionnel Joel Favreau nous distille une splendide petite mélodie.
On dit que c'est une réponse à la chanson "les deux oncles" (1964) où il mettait dos à dos le tonton ami des Teutons et le tonton ami des Tommies. A l'époque, "on", la multitude accablante, lui avait reproché une certaine lâcheté.
Tout le monde, Brassens compris, a des idées. Simplement, il fait le tri entre les idées dont l'objectif est simplement la vie ou la paix et puis les idées belliqueuses ou mortifères, celles qui consistent à suivre un étendard.
Il est même d'accord pour toutes les idées à la simple condition que les porteurs d'idées, les gourous, les Saint-Jean Bouche d'or (Chrisostome) soient bien en tête du cortège ou du front et bien les premiers pour le sacrifice suprême ou le martyre.
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
J'aime bien voir Brassens prendre de la hauteur et ses distances sur toutes les idéologies qui ont baigné l'humanité dans le sang depuis toujours.
Encore s'il suffisait
De quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre, on y serait déjà
Force est de constater que "l'âge d'or" n'est qu'une illusion, sans cesse remise aux calendes …
En somme, mourir pour des idées de mort lente, c'est tenter de vivre pour défendre des idées, d'autres idées par exemple celles qui permettent de passer entre les gouttes des idéologies…
Chanson profondément pacifiste que je rapproche volontiers de la phrase de Romain Rolland qui résume bien la problématique soulevée par Brassens
Les peuples qui se sacrifient meurent pour des idées. Mais ceux qui les sacrifient vivent pour des intérêts.
https://www.youtube.com/watch?v=iZpNgSaYWts