Imaginez. Le désert sans bornes, la chaleur où que l'on regarde. Un vent de rouille et de poussière. Un charognard plane au dessus d'os blanchis.
Une petite ville de planches désséchées résiste tant bien que mal aux assauts du sable. Personne dans les rues. Le seul bâtiment qui en impose est l'énorme banque. Une banque très spéciale : sa devanture indique "disques d'or". Sous la terrasse, deux ou trois types regardent au loin. Ils sont laids. Ils sont armés. Ils ne sont pas commodes.
Le crépuscule donne des teintes de sang à leurs dernières heures de ronde. Quelques signes entendues : la journée est bientôt finie et personne, une fois de plus, n'aura volé le privilège du banquier sur les recettes du rock. Mais au loin, un nuage de poussière plus grand s'élève. Mais au loin, un bruit de tonnerre déchire le silence des dunes. Mais au loin, trois énormes bécanes avec trois énormes cavaliers arrivent prendre la tranquillité des banquiers.
L'un des gardes les a vus, mais il est déjà trop tard. La tempête s'engouffre en hurlant sa rockeuse rage dans la rue principale. L'une des machines enfonce la porte tandis que les clous des deux autres broient les chiens de garde. Dans la musique lourde et les accords de poussière et de sang qui font les sensations de la nuit dans ce désert implacable, une voix s'élève au comptoir.
"C'est un hold-up, connard. On vient vendre tes franchises. Et voler ton Rock’n’roll."
Voilà, en peu de mots, ce qu'est Motörhead.