Une des chansons les plus controversées et les plus connues de Nougaro. Surtout que Nougaro habitant à Paris avait publié sa chanson juste après les évènements de mai 1968 alors que l'émotion n'était qu'à peine retombée. D'autres comme Ferrat par exemple laisseront prudemment quelque temps avant d'évoquer ceci dans une chanson.
D'ailleurs, la chanson de Nougaro fut interdite à la radio ou à la télévision non pas tant à cause des paroles que devant la crainte que cela remette "100 balles" dans la machine.
Car, maintenant que le temps a passé, que les débats de l'époque feraient presque sourire aujourd'hui tellement la société a évolué, il faut bien reconnaître que les paroles de la chanson évoquent essentiellement un positionnement sur l'évènement, l'enthousiasme ou l'amertume face aux attentes d'une certaine jeunesse mais n'appellent certainement pas à la moindre reprise des manifestations.
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau-forçat, enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le Sacre du Printemps
En clair, Nougaro est d'abord un poète et n'a jamais eu vocation pour le militantisme politique de quelque bord que ce soit. On est plus ici dans le registre du cri du cœur.
La construction de la chanson est tout-à-fait atypique pour l'époque. D'abord elle est inhabituellement longue (environ 6 minutes). Seul est chanté le refrain constitué des deux seuls mots répétés Paris et mai, où la voix incandescente de Nougaro s'enflamme brusquement. C'est le sang chaud du Toulousain à Paris au mois de mai. Le texte est parlé puis progressivement scandé sur un rythme de jazz qui démarre doucement pour finir et éclater au refrain, agissant comme une sorte de soupape.
Je ne crains pas le lyrisme des paroles de "Paris mai". Les associations d'idées peuvent paraitre saugrenues si on s'intéresse au sens primaire des mots mais les sonorités sont si redoutablement séduisantes…
Le long tunnel grondant sur le dos de ses murs
Aspiré tout au bout par un goulot d'azur
Là-bas brillent la paix, la rencontre des pôles
Et l'épée du printemps qui sacre notre épaule
Gazouillez les pinsons à soulever le jour
Et nous autres grinçons, pont-levis de l'amour
https://www.youtube.com/watch?v=W5-VvvE5p00