Le faune (ou satyre) est chez les grecs et les romains, une créature mi-homme mi- bouc, associée aux ménades (les bacchantes) et fait partie du cortège de Dionysos ; Pan est un des satyres les plus connus qui poursuivit la nymphe Syrinx de ses assiduités. Elle lui échappa dans un marais où elle se transforma en roseaux. Pan ayant cru la posséder ne tient plus dans ses bras qu'une brassée de roseaux qui gémissent dans le vent et qui lui donnent l'idée de les coller ensemble afin d'en faire un instrument de musique…
On retrouve bien certains de ces traits ou de ces images dans le poème de Mallarmé qui se veut une réflexion amère du faune au sortir d'un rêve où il a cru pouvoir atteindre son but amoureux. Devant la désillusion, il ne lui reste plus qu'à se rendormir dans la chaleur et le silence de midi.
Le prélude de Debussy reprend ce thème. Le faune est représenté par la flûte omniprésente qui commence et termine le morceau.
Le faune s'éveille d'un rêve où il poursuivait avec succès quelques nymphes. La flute parvient à attirer l'attention de l'orchestre qui d'abord écoute avant d'accompagner pleinement la flute. Au milieu du morceau, il y a même un certain enthousiasme que je mesure au fait que la flute finit par se fondre dans les violons de l'orchestre.
Puis, peu à peu, une harpe discrète intervient. Par sa mélodie calme et raisonnable, elle contribue à doucher l'enthousiasme de l'orchestre : le rêve se dilue laissant la réalité reprendre le dessus. Dès lors, la flute peine à reconquérir l'orchestre et finit quasi seule.
Ce prélude est très lent et très beau. La mélodie exprime une sensualité à fleur de peau, presqu'un érotisme délicieux.