c'est la meilleure chanson des stones.
Dès les premières notes - dès le premier son - tu es emporté.
Quelque chose se joue, là, qui n'est pas juste de l'ordre du rock, du blues, du pop ou du folk... les flammes accrochent des lambeaux de couleurs criardes sur des silhouettes fauves, tu distingues mal les danseurs dans la fumée, qu'est ce que ce type immobile près du feu te raconte, les yeux dans les yeux, sourire en coin, comme si vous vous connaissiez depuis toujours ? A quoi on joue ?
...et ce Woohoo qui vaut le gimmick de walk on the wild side...
C'est la meilleure chanson des stones.
On a tout dit dessus - qu'elle est maudite, parce qu'un spectateur fut poignardé par un hell's angel en plein concert, à 2 pas de la scène, pendant que les stones la chantaient - et même qu'elle est la preuve que les stones vouent un culte à Satan- qu'elle ne s'appelle pas pour rien "sympathy for the devil"...
Il faut écouter, et surtout lire, le texte.
A aucun moment l'auteur, le chanteur, ne parle d'un lien qu'il entretiendrait avec le diable, ni d'une sympathie qu'il aurait pour lui. C'est de l'humanité qu'il est question.
Le diable te parle, il énumère quelques unes de ses plus mauvaises actions, et peu à peu, tu réalises que ce sont les actes de l'humanité, point barre. Au cas où tu serais bouché, il enfonce le clou à propos de Kennedy : "en fin de compte, le coupable, c'était toi et moi".
Les stones ne sont pas plus satanistes que croyants, ils sont pessimistes quant aux qualités morales de leur espèce.
La chanson s'appelle Sympathy for the devil" parce que le diable réclame qu'en faisant sa connaissance, tu lui témoignes de la politesse, du bon goût et de la sympathy. (Je mets en anglais et à l'italique ce faux ami relatif, qui n'a pas exactement le même territoire de sens qu'en français. Chez nous, c'est un mot simple, banal comme une vieille chaise ayant pris le galbe de nos fesses. En anglais, c'est en partie cette sympathie, mais aussi l'empathie et la compassion, le partage d'idées. c'est évidemment le sens de cette "sympathy" qui vient avec "courtesy" et "taste", Lucifer ne te demande pas de le trouver sympatoche, il te demande empathie et compassion, parce que, comme tu t'en es peu à peu rendu compte si tu as écouté ses explications, il est l'humanité, tout simplement )
Tout sauf l'Autre.
Ce qui a entretenu l'ambiguïté, c'est d'avoir utilisé ce passage pour le titre, superbe, impavide, provocateur évidemment, très stones.