Il y en a eu des chefs-d’œuvre dans la carrière des Smiths, mais alors The Headmaster Rituel ohlala…
Faut bien voir quand ce morceau sort. Après un premier album et des tubes prometteurs, le groupe commence à avoir son petit succès. Prochaine étape : Meat is Murder, un album tantôt controversé, tantôt génial. Dans la carrière des Smiths il est assez spécifique par rapport aux autres albums car c’est le moins personnel de tous, le moins émouvant. Ici pas de morceaux comme Reel Around the Fountain, I know it’s Over ou Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me mais des morceaux contestataires, une jangle pop mêlé à un son rauque. Absolument génial, le groupe s’est réinventé !
C’est The Headmaster Ritual qui ouvre l’album et les Smiths n’auraient pas pu mieux choisir.
L’intro éclate de manière spectaculaire sur ces bons coups de batterie pour se lancer dans un riff absolument superbe. Il englobe l’espace, c’est très spécial, original… Accompagné par une basse forte et une batterie qui le conclut parfaitement, c’est vraiment un riff unique. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il y a tout un sens à ce riff, que chaque instrument dit quelque chose. Fabuleux, absolument tout ce qu’est capable de mieux la jangle pop. D’après Maar, c’est ce qu’aurait pu faire Joni Mitchell si elle avait été un fan des MC5.
Morrissey arrive : « Belligerent ghouls run Manchester schools. Spineless swines, cemented minds ». L’accompagnement instrumental est beaucoup plus riche cette fois que sur le précédent album, les paroles sont basées sur les châtiments corporels qui étaient monnaie courante dans les écoles des 70s (Morrissey parlerait-il de sa propre enfance ?), des problèmes d’être rejeté (regarder le film Scum pour vous donner une idée de tout cela). Ce qui importe, c’est que ces paroles marchent tellement bien, sa façon de prononcer les s dans « Spineless swines », son « 1962 », ce « down the nape of my neck » qui conduit si bien à la seconde partie du couplet, je ne le dirais jamais assez mais quel chanteur ce Morrissey, tant d’originalité.
Et le meilleur arrive :
I wanna go home…
I don't want to stay…
Give up education as a bad mistake.
Mid-week on the playing fields,
Sir thwacks you on the knees, knees you in the groin
Elbow in the face.
Bruises bigger than dinner plates
I wanna go home…
I don't want to stay, lalalahieh….
Cette association de la guitare de Marr et des paroles de Morrissey est incroyable. Encore plus que ça, sa façon de dire les « I wanna go home, I don’t want to stay » est rempli d’une tristesse dissimulée (marquée par la petite pause et le jeu fantastique de Maar). A la fin, cette suite des Lalalahieh peut paraître un peu simple mais n’en fait que rajouter de force à l’ambiance unique du morceau.
Le second couplet est presque identique au premier (une constante chez les Smiths), reste que Morrissey y met plus de cœur et que l’instru jangle encore plus (et c’est beau !).
La première fois que je l’ai entendu, j’avais vraiment été impressionné par la façon dont le morceau évolue en si peu de temps. Tout l’album est comme ça, c’est pour ça qu’il est mon préféré d’ailleurs. Les morceaux sont structurés mais intérieurement, Morrissey et Marr (principalement) réussissent à associer multiples mélodies. The Headmaster Ritual en est l’incarnation ultime, l’une de leur meilleure et mon morceau préféré des Smiths.
En bonus, l’excellente reprise de Radiohead : https://www.youtube.com/watch?v=LtmS2ePSSdU