Le vent se lève !
Il faut tenter de vivre !
Signés Paul Valéry, ces vers ont germé dans l'esprit d'Hayao Miyazaki lorsqu'il créait sa dernière oeuvre à ce jour, Le Vent se Lève et c'est, notamment, le processus de création du papa de Nausicaä qui a intéressé Kaku Akawara de 2006 à 2013.
Durant ces années, il a suivi Hayao Miyazaki, caméra en main, que ce soit pendant qu'il réalisait ses deux derniers films, Ponyo sur la Falaise et Le Vent se Lève ou quand le fils de celui-ci, Goro, démarrait sa carrière de metteur en scène. Divisé en 4 épisodes qui se suivent chronologiquement, il retranscrit vraiment l'intimité du maître de l'animation, ses doutes, ses méthodes et les liens avec son entourage, en revenant tout de même sur son passé, ainsi que celui de son fils, permettant de mieux comprendre le présent.
Il présente plusieurs facettes du créateur, il y a l'homme discret, simple, authentique et dont le temps est presque exclusivement consacré au travail, ce qu'il regrettera à travers certaines phrases, notamment en évoquant le père absent qu'il a été. C'est la relation avec son fils qui représente l'aspect le plus touchant de ce documentaire, notamment via le troisième épisode où il revient sur le travail de Goro sur Les Contes de Terremer (l'image d'un père doutant du travail de son fils lors de la première projection est assez saisissante) mais surtout lorsque ce dernier travaille sur La Colline aux Coquelicots, scénarisé par Hayao.
Il y a aussi l'homme complexe, blessé, au passé douloureux et au caractère bien trempé, que ce soit envers ses collaborateurs, son fils dont la tâche de s'affranchir de son père tout en suivant ses pas paraît insurmontable, donc mais aussi lui-même, celui d'un homme dont l'image de la mère, malade très jeune, apparaîtra dans tous ses films. Il paraîtra même détestable à certains moments, mais restera tout de même attachant, montrant à nouveau la complexité de l'âme humaine. Certaines séquences fortes du documentaire sont celles assez simples et intimistes, où Miyazaki est face à lui-même, réfléchissant sur son travail et la meilleure manière de le mener à bien.
C'est aussi passionnant de découvrir comment il crée son univers, la construction de celui-ci pour mener à des films, autant la poésie enfantine de Ponyo que le personnel et fort Le Vent se Lève, le seul de ses films qui ne soit pas fantastique. Ses dessins remarquables, son perfectionnisme, sa science du détail, l'animation qui se forme petit à petit et la poésie qui en ressort sont fascinants, alors que l'évolution de son travail est aussi ancrée dans la réalité, en témoignent le choc et les conséquences du terrible séisme de Tōhoku en 2011.
Plus les images défilent, plus Hayao Miyazaki devient fascinant, complexe et finalement humain, on découvre un homme tourmenté et méticuleux, ayant su rester simple et continuant d'avancer dans la vie et l'animation, avec un passé douloureux, des relations compliquées avec son fils mais toujours une flamme l'animant pour mieux construire un univers rêveur et poétique.
Les quatre épisodes --> ici
Merci à Step !