Taylor Sheridan perpétue la magie du Yellowstoneverse

Si vous attaquez ma famille, ce sera la dernière chose que vous ferez.

Plongée Profonde dans l'Héritage de la Famille Dutton

Après avoir remporté un succès incontestable avec les séries Yellowstone et 1883, Taylor Sheridan fait son grand retour sur Paramount+ avec un tout nouveau western dramatique qui s'inscrit brillamment dans l'univers de Yellowstone. Cette fois-ci, le récit nous entraîne dans l'année 1923, au cœur du légendaire Yellowstone Ranch, le plus vaste domaine des États-Unis, niché au beau milieu de Paradise Valley, une région située dans le sud-ouest du Montana. Dans ce nouveau chapitre, nous avons le privilège de découvrir une toute nouvelle génération au sein de la famille Dutton. Une nouvelle génération qui englobe les illustres grands-parents ainsi que le père du célèbre John Dutton, magistralement interprété par Kevin Costner dans la série Yellowstone. Une réaffirmation de cet univers qui maintient résolument sa dimension classique sur le plan esthétique, une narration robuste et une minutie obsessionnelle pour les détails. À une époque où de nombreuses séries affluent sur les plateformes de streaming en privilégiant des approches plus évidentes, communes et faciles, mettant en avant un ensemble d'idées, de valeurs et de pratiques qui insistent sur une "certaine" justice sociale, une "certaine" égalité et une "certaine" prise de conscience des problèmes liés à une "certaine" discrimination, en particulier en ce qui concerne le genre, l'orientation sexuelle et d'autres questions d'identité, parfois au détriment de la qualité en faveur de la quantité, le Yellowstoneverse se distingue comme une rareté précieuse en revenant aux principes fondamentaux du divertissement. Cette réaffirmation des bases de l'âge d'or d'Hollywood apporte un souffle d'air frais, que Paramount exploite habilement en élargissant sa franchise à succès avec ce tout nouveau western moderne intitulé "1923".

Cette série nous offre l'opportunité d'explorer plus en profondeur l'histoire fascinante et complexe de la célèbre lignée des Dutton, tout en plongeant dans les défis et les événements marquants de l'Amérique rurale des années 1920. Nous sommes transportés à l'époque de la Prohibition, une période où la vente, la fabrication, le transport et l'importation d'alcool étaient strictement interdites en vertu du 18e amendement à la Constitution américaine en 1919, accompagné de la loi Volstead. Cette époque voit également le début de l'effondrement du système financier pour les éleveurs de bétail du Montana, en raison de la sécheresse et des pandémies, ce qui entraîne davantage de pauvreté et de misère, créant ainsi un climat oppressif. Ces conditions extrêmes forment le cadre d'un récit intense divisé en trois arcs distincts. Trois récits distincts, chacun plus captivant les uns des autres. Tout d'abord, nous suivons la famille Dutton dirigée par le patriarche Jacob (Harrison Ford) et son épouse Cara (Helen Mirren), qui ont développé le ranch familial après le décès de James Dutton (Tim McGraw), le patriarche de la famille, et de sa femme Margaret Dutton (Faith Hill), que l'on a pu voir dans la série 1883. Jacob et Cara Dutton ont élevé leurs deux fils orphelins John et Spencer Dutton comme leurs propres enfants, car ils n'avaient pas d'enfants, tout en développant l'entreprise familiale, au point de devenir des incontournables. Cependant, la sécheresse les met en conflit avec les éleveurs de moutons, dirigés par un impitoyable Banner Creighton (Jerome Flynn), qui s'entoure d'un puissant et riche magnat des affaires sans pitié, Donald Whitfield (Timothy Dalton).

Le deuxième volet de l'histoire se concentre sur Spencer Dutton (Brandon Sklenar), le benjamin de la fratrie, né juste après les événements de 1883. Spencer est un vétéran de la Première Guerre mondiale, profondément marqué par les atrocités de la guerre. Il a fui le ranch familial pour entreprendre un voyage en Afrique, où il est devenu un chasseur de prédateurs renommé. Bien que cette histoire semble à première vue un brin déconnectée du récit principal du ranch, elle se révèle être une partie particulièrement intense et captivante. Une trame narrative qui nous plonge dans de nombreux affrontements contre des prédateurs ainsi que dans la relation passionnée qu'il entretient avec Alexandra (Julia Schlaepfer). Leur histoire d'amour intense et puissante nous tient en haleine jusqu'à la conclusion finale. Enfin, le troisième arc, bien que ne s'intégrant pas directement au récit principal de Dutton, est le plus brutal et impitoyable des trois. On pourrait même le considérer comme une parenthèse, cependant, il nous plonge profondément dans un récit implacable. Cette partie met en lumière une jeune Amérindienne rebelle, Teonna Rainwater (Aminah Nieves) qui pourrait bien être la grand-mère du chef Thomas Rainwater de la série Yellowstone. Elle est arrachée à sa famille et placée dans une école internat pour filles dirigée par l'Église catholique. Les élèves de ces écoles étaient soumis à une politique de dépossession de leur langue, de leurs coutumes et de leur culture à travers des abus de violences que l'on découvre sans filtre. Et comme si les horreurs que nous voyons n'était pas déjà assez difficile, voilà qu'on apprend que ce que cette jeune femme endure est en réalité basées sur des événements réels.

• Combien de terres voulez-vous ?


• Je veux toute la vallée.

La conception de production et la direction artistique de cette série se distinguent par leur excellence, tandis que la cinématographie atteint un niveau de perfection. L'impressionnant cadre du Yellowstone Ranch, avec ses panoramas grandioses et son patrimoine historique, continue de jouer un rôle central dans cette nouvelle série, offrant aux téléspectateurs une immersion fascinante dans le Montana sauvage et la vie tumultueuse de la famille Dutton. Cette nouvelle aventure promet une intrigue dense en rebondissements, des personnages mémorables et une exploration approfondie de la culture et des valeurs qui ont marqué cette époque passionnante de l'histoire américaine. Il est hautement probable que "1923" vienne enrichir encore davantage l'héritage déjà impressionnant de l'univers de Yellowstone. La direction et la narration visuelle sont tout simplement fantastiques. De plus, l'écriture est brillante, même si la qualité technique peut varier d'un épisode à l'autre, on ne s'ennuie jamais un instant. Sur le plan technique, c'est phénoménal, avec des épisodes réalisés de manière magistrale qui offrent une cinématographie en parfait accord avec le contenu exploré. Cette combinaison réussie tant sur le fond que sur la forme suscitant un véritable enthousiasme pour la prochaine saison. Taylor Sheridan ne laisse décidément rien au hasard, allant jusqu'à offrir une caractérisation plus nuancée de ses personnages via une écriture et un développement aboutie, bien qu'on a l'impression d'explorer des sous-intrigues déjà explorées dans la série Yellowstone.

En ce qui concerne la distribution, le casting est impressionnant, avec en tête Harrison Ford et Helen Mirren, qui incarnent respectivement Jacob Dutton et Cara Dutton de manière extraordinaire. Leur interprétation forme un couple extrêmement convaincant, donnant l'impression d'avoir réellement partagé de nombreuses années ensemble. Toutefois, il est dommage que leur histoire semble stagner vers la fin de la série, au détriment des autres intrigues qui sont censées être secondaires par rapport à celle centrée sur le ranch. Mais fort heureusement cela ne pénalise pas le résultat final, juste qu'on hâte que Spencer arrive "enfin" au ranch familial. En tout cas, c'est un véritable plaisir de voir deux icônes du cinéma de ce calibre s'investir dans cette série, ce qui témoigne de la réputation qualitative de l'univers de Yellowstone. Mais, la qualité de jeu des acteurs ne s'arrête pas là, car les autres acteurs principaux, ainsi que la distribution secondaire, brillent tous de manière exceptionnelle. Darren Mann dans le rôle de Jack Dutton et son amour, Elizabeth "Liz" Strafford jouée par Michelle Randolph, sont les moins captivants au sein de la famille. Néanmoins, il réussit à susciter un minimum d'attachement grâce à son innocence qui est peu à peu altérée par les influences extérieures. Il est simplement dommage que sa réaction à la mort de son père paraisse très détachée, ce moment aurait dû être plus marquant, surtout compte tenu du fait que son père était John Dutton Sr. par James Badge Dale, l'un des personnages principaux de 1883. C'est vraiment le seul point négatif que je relève dans 1923, sinon j'aurais pu le considérer comme un chef-d'œuvre.

Brandon Sklenar, dans le rôle de Spencer Dutton, dégage un charisme indéniable. Sa prestation est impeccable, mêlant une apparence robuste à un regard empreint de sensibilité, ce qui en fait un aventurier des plus convaincants. Julia Schlaepfer, quant à elle, incarne Alexandra, sa bien-aimée, avec une énergie débordante qui irradie comme un véritable rayon de soleil, formant ainsi un duo des plus convaincants. J'ai hâte de retrouver les deux tourtereaux dans le ranch familial. Aminah Nieves, interprétant Teonna Rainwater, livre une performance tout simplement stupéfiante, incarnant une rage ardente avec une crédibilité saisissante. Elle réussit à transmettre la brutalité injuste de ce qu'elle endure à travers l'expression de ses émotions, créant ainsi une atmosphère poignante empreinte de terribles tourments psychologiques. Concernant les antagonistes, ils ne déçoivent pas non plus, présentant des personnages méchants convaincants. Jerome Flynn se démarque de manière admirable dans le rôle de Banner Creighton, même s'il est ensuite surpassé par l'exceptionnel Timothy Dalton, qui incarne Donald Whitfield. Sa performance est d'une telle puissance qu'elle envoie des frissons à travers l'écran, notamment lors de ses jeux de pouvoir obsessionnels avec les deux prostituées qu'il manipule avec maestria. En ce qui concerne le troisième arc avec l'histoire de l'Amérindienne, nous sommes confrontés à un véritable véreux en la personne du Père Renaud, interprété par Sebastian Roché. On espère vivement le voir payer cher pour ses actions au cours de la prochaine saison.

CONCLUSION :

"1923" de Taylor Sheridan s'impose comme une nouvelle perle dans l'univers de Yellowstone. Avec une production exceptionnelle, des performances d'acteurs remarquables et une exploration captivante de l'Amérique rurale des années 1920, cette série offre une expérience immersive. Malgré quelques instants où l'intrigue perd en intensité, elle réussit à captiver grâce à ses trois arcs narratifs distincts. En somme, "1923" promet de continuer à enrichir l'héritage déjà impressionnant de l'univers de Yellowstone, tout en offrant un vent de fraîcheur bienvenu dans le paysage télévisuel actuel. Une première saison impressionnante ! J'attends avec impatience la suite !

L'évolution du mythe Dutton dans un nouveau contexte historique.

Les hommes tuent vite avec une balle ou un nœud coulant. Mais c'est moi que vous combattez et je tue beaucoup plus lentement.