Dès qu'on parle de justice sociale dans un synopsis, on ne peut pas faire d'impasse. Cette série est politique et tous ceux qui la notent mal sont (donc) contre cette politique. C'est ainsi. Dans une logique de provocation, vous êtes obligés de prendre parti, et attention, on regarde où vous vous placez. Car on ne va pas regarder la qualité intrinsèque de la série, son originalité, sa symbolique, son sens profond en dehors d'incarner ses principaux protagonistes par des vagins d'allure physique présentable. Tout est pathétique ici. Les symboliques des méchants recyclant une enième fois Alice au pays des merveilles (c'est toutefois cohérent avec un arc des comics de ce personnage), l'héroïne qui préfère faire les mêmes conneries que Batman au lieu de mener la lutte comme on l'attendait (traquer les machos sur les forums d'internet et les exposer publiquement au bashing du zombie moyen), les flashs backs en 5 images/seconde, les raccourcis de scénario paresseux, les combats qui tiennent lieu de scène d'action (pas forcément mal chrographiés, mais répétitifs...)... C'est encore plus fauché que The Shield, et ça a encore moins de sens, sinon pour mettre des femmes au coeur de l'action. Bref, on ne doute pas que les scénaristes, tout en ayant mis des femmes à la place des habituel.l.e.s figures masculines de l'univers batman, trouveront quelques retournements de situation pour éventuellement mettre à mal les interprétations politiques de la série. On n'aura pas besoin d'attendre d'autres épisodes pour se fixer. Batwoman (déjà féministe dans les années 50, pour finir en copine de batman), de par son adaptation dans le contexte actuel, est déjà une oeuvre militante féministe, qui croit, comme nombre d'autres productions désastreuses (Ghostbusters.euses, Meninblackeuses, Ocean'seight.euses, Terminator.euses...), que le progressisme ou une posture anti-trump est une nouveauté suffisante pour justifier une oeuvre en elle même. Mais ce n'est pas nouveau. C'est juste chiant. Chiant comme un moraliste catholique qui vous rappelle sans arrêt ce que vous devez penser, comment vous devez être ou ce que vous devriez aimer. Le progressisme est vieux, tout comme le politiquement correct est vieux, et le conformisme ne résiste pas longtemps aux goûts personnels des gens, surtout quand ils réclament un divertissement qui leur parle. Batman parlait de reprise en main de la situation sécuritaire par un pouvoir alternatif proche du peuple. L'ultra riche Bruce Wayne utilisait tous ses moyens pour servir la société. Batwoman recycle les mêmes sujets. Mais avec moins d'hommes. Tout en faisant les mêmes trucs que les hommes avant. Mais avec les cheveux courts, et une copine lesbienne. C'est pas la copine lesbienne le problème, c'est le copié-collé sans âme, la sidérante stérilité de l'entreprise qui nous hurle son féminisme à tous les plans, sans faire du féminisme de fond une minute. Un animé de Batman peu inspiré et sans idée ne récoltera pas mieux. Ou si, il récoltera mieux, car il ne trainera pas dans la boue du militantisme l'héritage qu'il est sensé honorer. Non seulement Batwoman est nulle créativement et scénaristiquement, mais en plus elle se croit maligne en revendiquant son girl power au nez et à la barbe d'un colossal amas d'oeuvres qui la précèdent et qui, elles, sont estimées. Batwoman recycle les mêmes recettes que Batman sans en avoir les moyens et ainsi elle se tire une balle dans la jambe, car le public de Batman n'y trouvera pas son compte, et que la posture féministe l'indiffère, excitant les critiques au lieu de les amadouer. Que le féminisme continue de se ridiculiser en massacrant des univers cultes et d'ici quelques temps, on verra réellement de l'animosité systémique venant de l'ensemble de la population. Pas à l'égard des femmes (qui sont des personnes normales), mais des militant.e.s féministes, qui comme tous les militants, récoltent ce qu'ils sèment.