Cette petite série plutôt sympathique met en scène Retsuko, panda roux, une jeune employée de bureau à la vie pas toujours trépidante : son seul exutoire est d'aller hurler sur du death metal dans un box de karaoke. Au fur et à mesure des épisodes, différents aspects pas toujours fun de la vie d'adulte sont abordés : le harcèlement moral, le burn-out, le sexisme, la pression sociale, etc. Le traitement reste léger sans être superficiel, et certains passages sont assez drôles… La série fera d'autant plus mouche si votre situation est proche de celle de l'héroïne.
Il y a cependant quelque chose d'assez triste dans cette histoire, c'est que la colère et la frustration évacuées par Retsuko au karaoke sont souvent du ressort de la communication basique. L'héroïne garde pour elle des choses qu'elle pourrait tout à fait dire : qu'il s'agisse d'aller chercher de l'aide auprès de ses collègues ou amis ou bien de s'expliquer avec la personne qui lui pose problème. C'est le cas dans les passages avec sa mère, par exemple, où elle se laisse complètement envahir au lieu de simplement mettre l'importune à la porte (en changeant la serrure).
Pour aller plus loin, j'ai trouvé que cette série avait quelque chose de fondamentalement japonais qui la rendait à la fois intéressante et dérangeante. Car Retsuko, avec son amabilité, son tempérament passif et sa façon de tout intérioriser est finalement une sorte d'archétype de la femme parfaite. Sauf que la série montre à quel point son caractère est inadapté au monde réel… Du coup, on semble toujours osciller entre propos progressiste ou réactionnaire : les problèmes que rencontre Retsuko et les choix de son entourage permettent de voir qu'il existe autre chose, mais le personnage lui-même choisit presque toujours la voie du compromis et de la tradition.
C'est particulièrement flagrant à la fin de la saison 2, quand elle largue son anarchiste de petit ami parce qu'il ne veut pas se marier. Là, le compromis n'est plus de rigueur : au lieu d'expliquer au pauvre garçon que ses désirs sont différents des siens et de chercher un terrain d'entente, Retsuko préfère tout laisser tomber, alors même que le train-train quotidien pour lequel elle a sacrifié sa relation la rendait insatisfaite quelques épisodes plus tôt… Même le patron abusif, branleur et sexiste est montré comme un brave gars plein de bons conseils.
Pour finir, je dirais que c'est une série sans trop d'équivalent qui vaut le coup d'œil, ne serait-ce que pour se faire une idée dessus… mais dans le genre du personnage peu sûr de lui qui se sert du death metal pour évacuer ses frustrations, mon cœur restera à Detroit Metal City !