Dire qu'Aku no Hana sort des sentiers battus est un euphémisme. L'animé ose, et c'est peu de le dire. Il suffit de voir ses opening & ending pour s'en rendre compte.
Étant un lecteur du manga source, je m'y attendais un peu. Il faut dire qu'Aku no Hana est un drame psychologique assez spécial, traitant de la frustration sexuelle, de l'adolescence, et plus généralement, du mal-être.
Mais là où Hiroshi Nagahama fait fort, c'est sur le côté technique.
Sous la demande de l'auteur du manga, Nagahama usa de la rotoscopie pour l'animé. Pour faire simple, c'est comme si vous preniez des images réelles dont vous transcrirez les formes en animation. On a donc de vrais acteurs jouant les personnages. Ça donne un côté très réaliste aux actions des personnages, en particulier les dialogues, le jeu des acteurs étant vraiment bon.
La rotoscopie n'est cependant pas sans défaut. Au début ça a tendance à faire un choc, en particulier lorsque l'on compare l’œuvre à son manga. Exit les grands yeux sur-expressif et les visages lisses. Aussi, vus de loin, les visages perdent leurs détails.
Mais ces défauts ne sont en rien gênant. La rotoscopie est une excellente idée qui ajoute à l'animé une plus-value non négligeable.
Les décors sont… magnifiques. Leur niveau de détail est incroyable, rien à envier aux meilleurs films. Jugez par vous-même.
L'animé jouit d'une ambiance unique assez dérangeante, aidée par son excellente OST, la rotoscopie, et ses doubleurs. Le rythme est lent, voir très lent, mais en aucun cas on s'ennuie. C'est assez exceptionnel de dire ça. Malgré le rythme escargot de l’œuvre, à chaque fois que j'entendais la musique de l'ending je me disais « déjà ? ».
L’œuvre offre une réelle mise en scène, peu commune dans la japanimation. Plans intelligents, utilisation des miroirs ou encore des hors champs. C'est réfléchi et ça se ressent.
Sur le fond, on a enfin un animé qui peut porter fièrement le genre psychologique, avec des personnages particulièrement bien travaillés, et qui évoluent de façon logique. Enfin.
Les thèmes de l’œuvre sont très bien traitées. On ressent les questionnements de nos trois adolescents sur leurs rapports, leur sexualité, et surtout, leur mal-être et leur souffrance.
Aku no Hana c'est la catharsis de l'adolescence.
Une série exceptionnelle donc… Qui ne verra jamais sa fin.
Car le fait d'utiliser la rotoscopie a fait couler beaucoup d'encre, en particulier auprès des « fans » du manga. Ces derniers boycottant l'adaptation, la trouvant hideuse, la faute à la rotoscopie… Boycott qui causera l'annulation de la série au terme de sa première saison.
Et ça m'attriste.
Parce que réduire Aku no Hana à son chara-design c'est insulter l’œuvre et son auteur.
Parce que la série n'aura probablement jamais sa fin, dont elle a cruellement besoin afin d'apporter LA scène ultime, le climax de l’œuvre, et qu'à la place on a une non-fin teasant une saison 2 morte-née.
Parce qu'Aku no Hana est un excellent animé qui va à contre-sens d'une japanimation morne et qui apporte quelque chose de réellement nouveau, un vent de fraîcheur comme on en voit jamais. Et que ce vent est stoppé.
Mais que voulez-vous ? Comme l'a dit un certain Miyazaki, l'industrie de l'animation est dominée par les otakus. Aku no Hana n'avait donc aucune chance, avec son absence d'ecchi, d'action et de comédie.
On avait pourtant là une série psychologique, une vraie, qui ne dilue pas son contenu avec des mecas. Oui, je parle de toi Evangelion.