Quel ne fut pas notre étonnement (et un peu notre désarroi) de voir un soir cette série remplacer notre attendu Goldorak dans l'émission Récré A2, quelque part entre la fin des années 70 et le début des années 80 du siècle dernier ! On prit vite goût tout de même à cette jadis nouvelle série spatiale comprenant aventure, bataille et un peu d'épouvante aussi. Oui, les Sylvidres faisaient peur, ces sortes de sirènes guerrières et spectrales accompagnées par des musiques envoûtantes et inquiétantes. Et la reine Sylvidra était la suprême méchante qu'il fallait abattre (ah, notre manichéisme enfantin et systématique !), en espérant la voir se transformer en torche hurlante dans le combat final, comme toutes ses subordonnées tuées par les armes au laser au fil de la quarantaine d'épisodes de cette série animée devenue sentimentalement culte.
Alors évidemment, étant devenus des adultes, nous avons une lecture différente sur ce que raconte ce Albator 78, expliquant qu'une menace approche de la Terre mondialement enfermée dans son opulence et sa décadence consumériste et abêtissante, en la fin du 30ème siècle, qui empêche les humains de voir arriver leur éventuelle fin. Entre les deux s'interpose le capitaine Albator qui est traité comme un paria et son équipage, sans oublier quelques scientifiques et autres savants lucides du danger qui guette, que des sylvidres infiltrées telles des fantômes assassineront sans sommation concernant ces derniers afin qu'elles ne soient pas révélées avec leurs intentions hostiles.
Notre pirate aura fort à faire pour convaincre un ministère stupide qui ne veut rien entendre, secondé par un chef des armés, le commandant Vilak, un rival obstiné à arrêter Albator, mais qui finira convaincu de l'existence des Sylvidres et mourra avec les honneurs lors d'une bataille vers les derniers épisodes après avoir révélé à nos yeux qu'il avait du cœur lui aussi.
Albator peut compter sur son entourage pour déceler l'ennemie où qu'elle soit, de la Terre jusqu'à des confins du cosmos, avec Nausicaa, Clio une extraterrestre harpiste à ses heures qui accompagne le pirate, le bricoleur Alfred qui joue perpétuellement avec ses maquettes de vaisseaux ou bien la nouvelle recrue qu'est le jeune Ramis qui, lui, cherche à venger la mort du Professeur Valente et dont sa fougue et son aveuglement failliront lui coûter cher à maintes reprises. Et puis, il y a la petite Leslie, une genre de Cosette souvent victime de harcèlements et autres brimades méprisantes de son encadrement, que le Capitaine Albator qui est en lien fort avec elle a promis de protéger à son défunt ami et père de cette petite fille (qui est aussi le concepteur du vaisseau Atlantis). Notre pirate s'avère être un grand défenseur des belles valeurs, souvent oubliées des adultes, espérant transmettre celles-ci à la future génération symbolisée par la petite fille Leslie mais également par le jeune Ramis.
On peut donc voir en cette série, une critique de la société dans laquelle on vit à la vue d'un système politique et social se reposant trop sur ses acquis, au-delà de l'aventure de 42 épisodes qu'offre le créateur Leiji Matsumoto. 42 épisodes qui nous font explorer tout de même les recoins de l'espace et du temps, révélant peu à peu le passé des Sylvidres, leur vraie nature biologiquement parlant et leurs véritables intentions, nobles certes mais cruelles et injustes pour les terriens. Mais envers Albator sur qui tout espoir repose avec son vaisseau Atlantis et son équipage, ces terribles conquérantes ont trouvé un redoutable adversaire à éliminer d'office jusqu'à la confrontation finale avec la reine Sylvidra.
Si les graphismes et l'animation d'époque ont pris un coup de vieux ou ne bernent plus nos yeux par la qualité, le charisme reste chez notre héros de l'espace et l'histoire se tient toujours. Les épisodes ne se répètent pas comme ceux de Goldorak avec une énième machine golgoth attaquant la planète Terre ad nauseam.
Une série épique non dénuée d'un certain romantisme et de quelques passages un peu effrayants à se souvenir.