Aldnoah Zero. Petit animé sorti (plus ou moins) de nul part fin 2014 et découpé de manière bien étrange en deux tranches de 12 épisodes, que par habitude je nommerai "saisons" même si ce mot ne convient pas vraiment, l'on y suit l'aventure d'un lycéen terrien, Inaho, d'un adolescent terrien vivant chez les martiens, Slaine, et de la princesse de l'empire de Vers, donc des martiens, Asseylum, dans un conflit, si j'ose me permettre ce néologisme, "gundamesque", opposant les originels aux adaptés, ou plutôt, les terriens, disposant de ressources infinies qu'ils gâchent à longueur de journée (j'y reviendrai plus loin) aux martiens dont les biens sont plutôt limités mais qui disposent d'Aldnoah, une technologie étrange et surpuissante trouvée sur la lune. De cette différence d'accès, en particulier à l'eau potable, naît la jalousie, l'envie et donc, la guerre, et si la première s'est terminée par l'explosion de la Lune, il ne manque plus que l'élément déclencheur pour lancer la seconde, le duc assassiné ou plutôt, dans notre cas, la princesse.
De loin, l'on aperçoit déjà un univers potentiellement intéressant, du fait des nombreux conflits idéologiques possibles, deux cultures différentes, deux visions du monde et de la vie différentes, deux peuples réellement différents mais tout de même humains et "égaux", à par au niveau technologique, rajoutez la dessus des personnages non tirés de l'armée et vous aurez la justification du néologisme : on dirait du réchauffé, du déjà-vu. Oui mais non. Aldnoah Zéro n'est pas qu'un "wanna be Gundam" à la sauce Urobutcher, très loin de la, tant les inspirations sont différentes et visibles sans être le seul intérêt de l'animé : votre serviteur est un grand fan de la licence de Sunrise, d'où le fait que les points communs me sautent aux yeux, pourtant, une rapide recherche vous le prouvera, certains trouvent plutôt une origine du côté de Macross, et nous y voila : les deux poids lourds du monde du mécha enfin réunis, Aldnoah Zero c'est Gundam, Macross et tout le reste, vous retrouvez sans doute des références à votre animé de mécha favoris tant les inspirations sont la et c'est bon.
Mais n'est-ce qu'un cadeau aux fans-boys du monde des robots géants ? Non ! En effet, Aldnoah Zero a sa patte, si Macross (que j'avoue ne connaître que d'assez loin) se centre sur un triangle amoureux, si Gundam préfère la géo-politique, cet œuvre prend le choix de ne parler que de son trio principal et de leur entourage, ce n'est pas une première mais cela suffit à le faire sortir de la simple copie. Le fan de mécha que je suis s'est régalé, pourtant, malheureusement, le tableau n'est pas tout blanc, si ce ne sont pas des défauts majeurs objectivement, ce sont quand même des ombres à mes yeux.
Inaho, Asseylum, Slaine et rien d'autre (ou presque).
L'univers, s'il n'est pas le plus incroyable de l'histoire de l'animation japonaise, a pourtant un certain potentiel, en effet entre Vers et la Terre, l'on trouve de nombreuses différences pouvant amener à un débat : les ressources de la Terre appartiennent-elles à toute l'humanité par exemple, débat plus que principal dans l'univers de l'animé mais aussi important dans le notre. Pourtant, ces débats potentiels, ces idées... ne sont jamais la, ce n'est clairement pas le but recherché. Aldnoah Zero est purement centré sur ces personnages, ce qui est d'ailleurs une qualité : mon meilleur ami m'a dit voir des réactions "illogiques pour un personnage de manga mais logiques pour un humain" et je trouve qu'il a raison : le temps laissé au développement des personnages permet de leur donner des personnalités réalistes. C'est un choix, certains aimeront, ce n'est au final pas mon cas car l'on ne sait jamais ce qui se passe à côté : on n'entend jamais parler de Vers et de sa population, même chose pour la Terre, pas de géo-politique, pas même une carte montrant l'état des différentes nations, les actes des personnages ne sont donc pas ancrés dans un contexte (dans une sorte de cercle de causes et de conséquences : le contexte influe sur eux, ils influent sur le contexte), mais simplement placés dans un univers : de même, certains aimeront et si cela ne m'a pas fait ne pas aimer l'animé, c'était clairement devenu frustrant vers la fin.
Deux méchas, pas trois
Ceci est une petite déception pour le fan de diversité que je suis : les terriens ne disposent au total que de deux modèles de méchas de combat, plus un modèle d’entraînement (donc techniquement trois, oui, je sais)... c'est peu pour une armée aussi avancée technologiquement, capable de faire des méchas humanoïdes plutôt rapides, stables et capable de se battre dans l'espace. Alors certes, dans la première "saison", ce manque de diversité est bien comblé par le côté martien, en effet, chaque modèle de leur côté est unique, mais dans la deuxième partie, s'ils ne sont pas expédiés en deux attaques sans explications c'est qu'ils vont resté pour dix épisodes... ce qui fait qu'on s'y habitue, et cela, c'est bel et bien un défaut pour moi : j'aurai apprécié pouvoir être surpris par les combats, ne pas savoir qui va gagner avant même le début du combat, et cette surprise, je l'avais dans la première partie, pas dans la seconde.
De même, si les premiers combats sont d'une logique rare aujourd'hui (c'est à dire que cela va au-delà de "qui à la plus grosse") à grand coup de principes physiques et autres stratégies bien planifiés (et, de nouveau, logiques), cette idée finit par disparaître et avec elle, toute possibilité d'avoir la un animé frôlant le mécha réaliste, ne prenant pour seule liberté que la technologie Aldnoah. Dommage.
Let justice be done, through the Heaven's Fall
Ceci est le "slogan" de l'animé, le sous-titre si vous préférez... et il est la preuve de cette troisième ombre : l'animé n'a, au final, aucun message, les actes quel qu'ils soient ne sont jamais sanctionnés sauf par une suite d’événements qui auraient pu avoir lieu sans que la trahison ou le crime n'ai été commis et c'est bien dommage : il n'y à pas de justice dans Aldnoah Zero, pas de bien ni de mal.
Ce principe la est pour moi l'un des plus intéressants que l'on puisse voir dans une œuvre artistique parce qu'il permet d'obliger le spectateur / lecteur à réfléchir sans se baser sur cette grille de lecture morale classique que l'on nous offre sur un plateau dés l'enfance et ainsi de la faire évoluer, par exemple, "tuer c'est mal" peut être remis en question dans certains contextes (c'est le cas dans les livres d'histoires dans à peu prêt toutes les guerres) pourtant, si vous dites "tuer c'est bien" alors vous êtes dans l'immoralité : ce n'est pas bien de dire ça, or, si vous n'avez ni bien ni mal dans votre univers (ou que vous les inversez) alors vous pouvez faire en sorte que le spectateur / lecteur le dise de lui-même, auquel cas, vous auriez mis en place un de ces contextes particuliers faisant que la personne ne se met pas à se demander s'il est un dangereux psychopathe parce qu'il pense ça mais simplement remet en question un point de vue binaire et contredis jours après jours : il avance.
Sauf que dans Aldnoah Zero, il n'y à pas ça : les gentils n'ont rien à gagner, les méchants rien à perdre, et inversement, cela créé au final l'impression que leurs actes n'ont aucune raison d'être, impression appuyé par le problème de l'univers décrit plus tôt, ils le font parce qu'ils doivent le faire et rien d'autre, ce qui, au final, les déshumanise, un comble, les civils emportés par la guerre devenant les robots soldats qui la font. Ce point la est d'ailleurs, la raison pour laquelle je pense que cet animé aurait pu s'arrêter au 12ème épisode. Certes les suivants sont très bons, certes on y apprend beaucoup de choses sur le trio principal (et l'on voit bien qu'ils étaient prévus), mais l'on passe d'une morale peu acceptable à pas de morale du tout, et ça, ça me dérange énormément.
Au final...
.. et bien Aldnoah Zero, c'est bon, très bon même, pas la révolution que j'attendais à la pause de milieu d'animé (qui semble devenir une habitude ces derniers temps, sur le modèle des Fate) mais quand même un animé dont je me souviendrai sans doute dans dix ans, et surtout que j'ai adoré suivre, ou plutôt dévoré.
C'est un excellent animé, voir même oserai-je dire "un must", mais les trois points ci-dessus baissent la note, donc 9/10 pour la première partie (les 12 premiers épisodes), 7/10 pour la seconde et donc, au total :
8/10