Saison 1 :
"Alias" est un improbable mélange entre du mauvais James Bond (une production Disney, c'est dire !) et un psychodrame particulièrement pervers. On passe donc d'une série de missions abracadabrantes et parfaitement inoffensives, avec maintes cascades plus grotesques que spectaculaires, à la chronique torturée de rapports familiaux aberrants, suite de trahisons "enchassées" en débit de toute crédibilité, mais avec une efficacité émotionnelle redoutable. "Alias" finit - à la longue - par nous emballer, au moment même où son univers paranoïaque se referme totalement sur Sydney Bristow, et que, à peine concernée par la prophétie apocalyptique de Rambaldi, celle-ci fait simplement son deuil de toute relation humaine !!
Saison 2 :
Comme toute bonne série TV récente, la deuxième saison de "Alias" propose grosso-modo le même cocktail que la première, mais en plus corsé : la dose de James Bonderie féminine - la grande faiblesse de la série - n'est plus qu'un soupçon de sucre dans un grand verre de tourments amers. Puisque tout le monde trahit tout le monde et poursuit inlassablement des objectifs personnels ou professionnels secrets et contradictoires, puisque rien n'est ce qu'il semble être (cette fois, on peut même être remplacé par son clone...), le monde de "Alias" est un univers de terreur et de chagrin sans fin, dans lequel on n'a pour se rassurer que les transformations spectaculaires de Sydney Bristow, toujours plus sexy, toujours différente mais pourtant toujours inchangée. La seule en fait... Pour le moment ?
Saison 3 :
On prend les mêmes et on recommence... Oui, mais, en se concentrant sur un seul fil narratif - le mystère Rambaldi - et en focalisant les conflits intérieurs (toujours la partie la plus intéressante de la série) sur les rapports entre Sydney Bristow et Vaughn, "Alias 3" gagne en cohérence et perd de la richesse émotionnelle. On se navrera donc surtout de ne plus avoir l'occasion de voir Jennifer Garner "vivre" à l'écran, la fascinante vitalité de l'actrice étant quand même la principale raison d'aimer cette série du reste plutôt infantilisante. Reste l'efficacité des "cliffhangers", qui régissent le rythme de la série, et se révèlent ici particulièrement éprouvants.
Saison 4 :
A bout de souffle, "Alias" entre avec sa quatrième saison dans le purgatoire des séries qui n'ont plus rien à dire, essayent de nouvelles formules (la première partie qui se concentre sur des missions indépendantes de l'équipe), avant de revenir multiplier les coups de théâtre absurdes sur le thème désormais ridiculisé des artefacts de Rambaldi. On échappe néanmoins au naufrage total grâce à un épisode quasi-Cronenbergien où l'on voit Sidney Bristow remplacer sa mère dans une scène de la vie conjugale avec son père (!), puis un rafraichissant épisode final qui a volontairement basculé dans l'horreur et la SF, et un dernier cliffhanger absurde mais d'une efficacité redoutable...
Saison 5 :
Il sera donc dit qu'une série épuisée ne peut pas se régénérer aussi facilement, et cette dernière - et globalement lamentable - saison de "Alias" laissera tous les fans de Sydney Bristow et ses imbroglios familiaux consternés : se pensant contraints à multiplier les personnages, les intrigues et les coups de théâtre pour maintenir l'attention d'un public évanescent, les scénaristes ont littéralement perdu le peu de contrôle qu'ils avaient encore de leur intrigue, comme de l'univers déjà peu crédible de la série. Il est cette fois impossible d'accorder le moindre crédit, voire même, et c'est plus ennuyeux, intérêt à cet enchainement de péripéties aussi grotesques que téléphonées : entre l'éternel retour de personnages que l'on croyait morts, la résurrection pitoyable du mystère Rambaldi, par ailleurs abandonné au fil du récit lors des deux derniers épisodes particulièrement faibles, et l'absence dramatique de conviction de la plupart des acteurs, visiblement au bout du rouleau, on a touché le fond. Dommage !