Science-fiction, univers cyberpunk, ruelles sombres et crasseuses, pluie incessante, Altered Carbon était sans doute la série que j'attendais le plus en 2018. N'ayant ni lu le livre de Richard K. Morgan ni regardé la bande-annonce, je ne connaissais rien à l'histoire et à ses enjeux. Je savais juste que Netflix avait mis le paquet pour pondre une œuvre surfant sur la vague Blade Runner (et les clins d'œil ne manquent pas).
La série reprend en effet les codes de l'univers de Philip K. Dick : des néons, un monde où les hommes sont victimes de leurs propres créations, un personnage principal torturé et antipathique, des villes cosmopolites... Pourtant, on sent qu'on a en face de nous une œuvre qui se veut bien plus ambitieuse. On sent que Laeta Kalogridis a mis tout ce qu'elle avait dans son adaptation : les décors et les effets spéciaux sont superbes, il n'y a pas de doute là dessus. Pour le reste, ce sera plutôt un "meh" (coucou le fossoyeur).
Pour commencer, j'ai trouvé le pilote assez poussif malgré la bonne réalisation de Miguel Sapochnik. On comprend rapidement qu'on a affaire à un univers complexe mais on n'a aucune explication à part des bribes du narrateur (qui sert pas à grand chose honnêtement). On nous parle de pile conservant la conscience humaine, de corps servant de cellule à cette pile, de Nations Unies Intergalactiques, de C-TAC, de Diplos sans mettre un squelette derrière tout ça ce qui m'a personnellement assez perdu d'entrée. Pour la suite de la saison, on part sur une enquête (coucou Rick Deckard) menée par un ancien casque bleu badass ramené à la vie sur l'ordre de l'homme le plus riche du monde. Et c'est à peu près tout finalement. Après des épisodes 3, 4, 5 plutôt convaincants, j'ai eu l'impression d'assister à une série d'action avec de faux rebondissements pour finalement avoir une fin ultra classique à la Hercule Poirot. La meilleure illustration de tout ça est le rythme de la série. Tout se passe plutôt rapidement, on a énormément de bastons chorégraphiées mais on n'a jamais vraiment le temps de se poser pour réfléchir. On en vient même des fois à se demander pourquoi ils se battent. Et les seuls moments de flottement sont destinés à des intrigues amoureuses peu intéressantes ou des flashbacks qui se révèlent eux aussi assez décevants en majorité.
Cela me permet d'enchaîner sur deux autres aspects qui m'ont déçu : les dialogues et les acteurs. Non mais sérieusement qui a écrit les dialogues ? Leur platitude et leur vulgarité annihilent complètement la moindre émotion qu'on était sensé ressentir sur certaines scènes. Quant aux acteurs, je vous avoue que je n'ai pas été émerveillé par la performance de Joel Kinnaman, trop peu expressif et encore moins par celle de l'actrice qui joue Ortega. Bon j'avoue que la scène de castagne dans le laboratoire où Kovacs se bat avec un sac Hello Kitty était assez épique. Il reste que de manière générale, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages à part Poe, trop en retrait à mon goût.
Finalement, je demeure assez déçu par cette première saison d'Altered Carbon. La série manque cruellement de choix forts, elle n'exploite pas le potentiel d'un univers très intéressant. Quand on montre qu'on se prend un minimum au sérieux, il faut l'assumer et proposer plus qu'un simple show remplissant un cahier des charges. Je ne me suis pas senti transcendé, immergé dans cet univers comme je l'attendais (l'absence d'une bonne bande originale y est aussi pour quelque chose). La série se perd à de nombreuses reprises dans la nudité, la vulgarité et la violence gratuite et on en vient à oublier les thèmes développés par Morgan (les inégalités, la peur de la mort, la liberté de l'âme, la place de la religion etc). Altered Carbon gagne donc à se concentrer beaucoup plus sur le fond que sur la forme si elle veut être considérée comme une référence dans la culture cyberpunk, elle en a les ressources théoriques et financières pour le faire.