Cette série adaptée d'un roman réputé de Neil Gaiman des débuts 2000s (qui partait bien mais s'est révélé plutôt décevant au final pour moi), est un pari risqué car dans le bouquin l'action est assez lente et il y a beaucoup d'histoires éparses qui finissent par se rejoindre, les liens ne se révélant que sur le tard, et donc transposer ça à l'ecran me paraissait très casse gueule. Surtout que la guerre dans notre monde actuel entre les anciens dieux et les nouveaux dieux n'est pas un sujet ultra fédérateur/grand public...
Mais après visionnage des huit episodes de la première saison, force est de constater que ce n'est pas un échec cuisant, qualitativement parlant. Pour ce qui est du succès public, ça c'est une autre histoire...
La série prend le temps de développer son sujet principal, mais se permet aussi de narrer fréquemment au début des épisodes l'histoire d'un dieu du passé, quand ce n'est pas carrément un épisode entier qui est consacré à tout un folklore relatif au petit peuple irlandais (l'episode 7, un des plus beaux !), sans que cela ne soit déconnecté de la trame du présent, au contraire. C'est osé et le risque de perdre le téléspectateur dès le début ou en route est élevé, mais si on accroche, c'est quand même peu commun et novateur dans le monde actuel des séries.
Pour moi le point fort de cette oeuvre c'est toute l'ambiance sonore. De la musique aux bruitages, tout est pensé, étudié et calqué sur les images pour rendre une atmosphère incroyable. D'habitude je n'y attache pas énormément d'importance, mais ici l'environnement sonore est un acteur à part entière, c'est hallucinant le boulot abattu, la diversité des morceaux ou des bruits, voire des silences ! Vu les différentes epoques et lieux abordés, la palette musicale est très riche et prenante.
Autre bon point, les acteurs, Ombre et Voyageur en tête, sans oublier le Leprechaun ou le russkof flippant. Toute cette galerie de persos est vraiment bien interpretée, des slaves aux americains en passant par la reine noire, les vikings, les amerindiens, les africains ou les irlandais.
"American gods" a sa diversité culturelle à travers toutes les époques pour elle, un vrai creuset d'où sortent des histoires terribles dont on se demande bien quel est le propos final.
Et si on pige vite qu'il y a bisbille entre les anciens Gods qui veulent revenir sur le devant de la scène et les nouveaux Gods (internet, la télé...), ce n'est qu'au tout dernier épisode qu'on commence à relier les fils, à piger qu'il n'y a pas de hasard dans ce qui arrive à Ombre et sa femme, à voir la puissance et les dégâts que peuvent infliger les dieux oubliés.
Mention spéciale aux fx et à la qualité de la photo également. Un bijou technique donc, plombé par cette lenteur de narration qui peut rebuter, et qui frustre un peu le spectateur qui voudrait en savoir plus sur le pourquoi du comment, et enfin admirer le potentiel destructeur deviné chez Voyageur ou Mr Monde par exemple.
Mais cette première année n'est qu'un prologue, une mise en place, et le déchaînement des forces amorcé dans l'ultime opus devra se poursuivre pour ne pas laisser retomber le soufflet. Tout en poursuivant la description des protagonistes, en en développant d'autres, tous plus complexes qu'au premier coup d'oeil.
Une oeuvre peu commune respectant la trame du roman, du moins dans mon souvenir.