Je m'interroge beaucoup en ce moment sur le format sériel et l'intérêt de rallonger les histoires sur une dizaine d'heures (8 épisodes de 40 à 60 minutes ici). Si l'avantage est toujours d'approfondir les histoires et surtout de passer plus de temps à comprendre et expliquer les personnages, force est de constater que je vois de plus en plus de séries qui se perdent, à la fois en rajoutant trop de péripéties, trop de thématiques, et plus rarement trop de personnages, bref, en cassant le rythme de manière inutile.
Il y a déjà un problème au niveau du titre : que ce soit le français : "Anatomie d'un divorce", ou l'original "Fleishman is in trouble", cette série évite son véritable sujet. Pendant ses deux premiers épisodes, la série nous laisse croire qu'on a à faire à un thriller, largement inspiré par "Gone Girl". Le scénario joue d'ailleurs avec cette possibilité, qui correspondrait bien avec le titre original. Les épisodes 3 à 6, plutôt agréables à suivre, changent la thématique centrale et s'intéressent plus à l'histoire d'amour et de séparation du couple Fleishman. Le titre français s'impose alors comme plus adéquat. Finalement, dans ses deux derniers épisodes, la série change complètement son fusil d'épaule et sa thématique centrale se révèle : la nostalgie des jeunes années, la crise de la quarantaine.
Ce problème de titre révèle une vraie problématique sur le sujet de la série : elle ne sait pas vraiment ce que le prétexte de ce divorce lui amène à raconter. Elle se perd entre trois sujets et se termine par une pirouette, comme un cheveu sur la soupe. Le principal exemple est la narration. Tout au long des 8 épisodes, la narratrice est Libbie, l'ancienne meilleure amie du personnage principal, Toby. Pour autant, l'histoire développée pendant 6 épisodes est celle du divorce des Fleishman, racontée du point de vue de Toby. Les deux derniers épisodes, eux, changent de perspective, mais pas de narratrice. Pire, la série se conclue sur un épisode qui ne s'intéresse pas à l'histoire de Rachel, la femme de Toby, pourtant centrale car tout commence par sa disparition.
La série reste intéressante mais aurait mérité une meilleure écriture pour éviter cet aspect décousu qu'on ressent quand on la termine. Elle est très verbeuse sans que ce soit gênant (si on supporte les mimiques de Jesse Eisenberg, ce qui n'est pas mon cas), mais se révèle surtout prétentieuse, et c'est peut être là son pire aspect :
L'histoire racontée est celle d'une communauté fermée : le personnage principal est juif, médecin et New Yorkais, et ne sort jamais de ces trois communautés. Un des sous texte abordés est donc une lutte des classes difficilement entendable (entre les super riches et une caste loin d'être défavorisée). J'y ai lu quelque chose de désagréable et d'extrêmement hautain venant de ces Hollywoodiens donneurs de leçons qui tournent de plus en plus en ridicule les puissants de leur propre pays sans faire eux même preuve d'autocritique. Dans cette série, les amis très riches de Rachel sont tous traités comme des abrutis que Toby (qui dit gagner plus de 300 000 dollars par an) méprise sans se rendre compte qu'il fait partie de leur groupe.
J'attends des retours sur ce dernier point qui m'a dérangé, car ce communautarisme ambiant me semble de plus en plus marqué et ne pas se rendre compte de lui même. Typiquement, j'ai l'impression que cette série ne s'adresse qu'à des happy few...