De bout en bout cette série m a vraiment embarqué.
Elle est foutrement addictive et le final clôt très bien cette saison qui offre une passerelle intéressante a condition de ne pas saccager les efforts de la première saison si tant est qu il y en ai une seconde
"Brand New Cherry" m'avait mis une énorme claque surprise pour son audace et son côté "furieusement" drôle parfois. Ici la claque vient du style alterné très maîtrisé bien plus que les déclinaisons médiocres de VHS. Une étrangeté qui s apparente a des séries non moins fameuses comme Chanel Zéro, Whispers ( je suis le seul à avoir kiffé cette série pleine de promesses et de gosses extras ) ou même Débris ( que j'avais trouvé top et original )
Alors oui, elle manque peut-être parfois de pep's, d'aller un peu plus loin dans le
délire, de rester un peu trop gentillette quand on aimerait qu'elle décolle vraiment.
Mais en même temps, Archive 81 joue sur plusieurs tableaux.
La romance fantastique vient nous prendre par surprise. On ne s'y attend pas au
départ et c'était risqué par rapport au genre proposé initialement qui tendait plus
vers le fantastique, voire, la terreur. Ca m'a tout de suite rappelé "13 reason why" !
Le rapport entre les deux protagonistes et la situation s'y prêtent aussi. Mais elle repart de plus belle sur les deux derniers épisodes et va au bout de sa proposition délirante. Assumé !
Pour ce qui est donc de l'étrangeté à caractère horrifique ( ici, plus fantastique et paranormale )
l'alternance dans la mise en scène est judicieuse; le found-footage est très bien utilisé.
On sent que James Wan n'est pas loin. On peut reconnaitre un style parfois proche
des univers de Wheatley ( Kill List ), Ari Aster (plutôt Hérédité ) Robert Eggers ( plutôt The Witch ) Batmanglij ( Sound of my Noise ) et une belle parabole à Rencontre du Troisième Type, lollll !
Et plus encore du Lynch et du Cronenberg pour le côté "bizarre" et l'accompagnement sonore
personnifié. Il a d'autant plus d'importance dans l'histoire d'Archive 81 que c'est lui en plus qui met la pression quand la mise en scène se relâche. Il est pour moi le troisième larron de la série.
Archive 81 excelle quand elle est portée par ce malaise sonore.
Si vous enlevez la bande sonore, ce n'est plus du tout la même série, c'est pourquoi j'insiste sur ce point.
Dans Archive 81, il y a une sensibilité toute féminine dans la réalisation, et à raison, elles sont deux réalisatrices à se partager la quasi-totalité des épisodes.
Mais il y a aussi le duo Benson-Moorhead qui en shoote deux et pas des moindre en matière de sensations et d'émotions et la bizarrerie prête parfaitement à leur style Archive 81 accroche la rétine car il est très vite "bizarre", "obscur", "entêtant". Pour rappel, le duo Benson-Moorhead a pondu plus d'un film "chelou" original ( Spring, Résolution et Endless ) et Aaron Moorhead est un pur génie. Avec un budget moindre, ils étaient bien plus innovants qu'avec le gros pécule qu'on leur a donné pour un léger Synchronic.
Ce qui m'a donc plu ici : la réalisation est originale et audacieuse, l'ambiance est tenue, le son est ténu, l'étrangeté guette, et la romance émeut. Dans "13 reason why" Jessica Yu avait réalisé les deux plus beaux épisodes de la saison 1 et m'avait fait chialer comme une madeleine.
Une saison aurait suffit d'ailleurs ! Secondo, le choix des acteurs ! Pas de stars. Nul besoin.
Les deux acteurs principaux sont très justes, et émouvants. Mamoudou Athié, il monte, et on va le revoir ! Dans "The Black Box" il est déjà très bon malgré un film bien ronflant et inégal, mais pas inintéressant. Cet acteur a une vraie singularité et une finesse de jeu ( à fleur ) qui le diffère nettement des autres acteurs proches de sa génération. Dina Shihabi ( déjà top en Dig 301 dans Altered Carbon ) confirme et lui rend la pareille. Elle est parfaite, elle aussi. Mais les autres tiennent aussi la route.
C'est Christine Griffith qui l'emporte en Cassandra; ( à l'instar d'une Frances Conroy dans AHS ) elle est la seule à être vraiment au-dessus du lot, et totalement en phase.
Moins convaincu par la performance très lisse ( trop ) d'Evan Jonigkeit en Samuel. Je l'ai trouvé peu en chair, peu charismatique. ( pour le moment )
Enfin Rebecca Sonnenshine, la productrice, a vraiment le nez fin, elle m'avait déjà régalé avec The Boyz qui est pour moi la meilleure série de super-héros sans contestation aucune.
Bref ! Une très bonne série...en attendant la suite éventuelle