Arzak Rhapsody
6.9
Arzak Rhapsody

sérieFrance 2 (2003)

Adaptation de la BD Arzach en 14 épisodes d'environs 3-4 minutes. Créée, produite, scénarisée et supervisée par Mœbius lui-même ! La chute n'en sera donc que plus douloureuse, l'on se trouve en effet bien plus dans le désarroi que le fameux désert B.


Un épais trait vectoriel, avec sûrement l'option 'lisser' poussée au maximum, qui annihile la finesse tranchante et la régularité toute minérale du dessin originel pourtant de la main même de Mœbius ; idem pour les couleurs pétaradantes qui remplacent celles d'antan. (on n'ose imaginer les dessins de l'auteur passés à la vectorisation automatique...)
Comme toute animation Flash, de surcroît quand elle date de 2003, elle se repère immédiatement et se rappelle sans interruption à l'œil, muselant dès lors toute illusion de mouvement. Comme la plupart des animations de ce type, c'est tout simplement laid, cheap, abusant des effets basiques de l'animation vectorielle, pendants animés des lens-flares et autres filtres Photoshop, le b.a.-ba des tutoriels d'initiation au logiciel de Macromedia en 2-3 clics : translations, zooms, rotations et déformations interpolées en lieu et place de quelques simples images-clés. C'est à la fois trop rigide et trop glissant. Quand un mouvement nécessitait ainsi un réel travail d'animation, il est tout simplement escamoté hors-champ... Les pires heures d'Olive et Tom !
Le visuel semble certes s'améliorer un peu sur la fin quand l'équipe enfin rodée à son outil se permet plus de détails, un semblant d'éclairage creusant l'espace, l'utilisation timide de textures et même de la 3D pas toujours heureuse mais qui vient raffermir le côté trop coulant des interpolations.


En fin de compte, si ce projet aurait avant tout mérité une animation traditionnelle soignée, comme l'adaptation avortée de l'Incal dans les années 80, il aurait peut-être également pu s'en sortir avec plus d'honneur dans la multiplication des techniques, des styles et des médiums tout comme Mœbius lui-même transformait son trait au gré des albums et de la narration...


Quant au fond, là encore on perd en grande partie la magie de la BD. Si persiste tant bien que mal quelques bribes du sel contemplatif et silencieux du Désert B, sa poésie post-apo' minimaliste toute en hallucinations abstraites dérivées des expériences herbées de l'auteur, dès lors que l'on entre dans l'action, dans le dialogue ou dans le mouvement, la technique vient se rappeler à nous et ruiner, voire carrément rendre ridicule, la chose. A cela s'ajoute un doublage honteux : les persos féminins ont tous la voix de Dr Quinn, mais surtout une voix off permanente. Dès lors, le "guerrier silencieux" perd de sa superbe.


Comme quoi la présence d'un maître aux manettes d'une adaptation ne promet pas sa réussite mais, pour sa défense, n'oublions pas que Mœbius était de ces expérimentateurs de la vieille école prêts à tenter des outils nouveaux, bien avant les autres, quitte à en essuyer les premières tuiles, juste de quoi ouvrir les perspectives sans toutefois parvenir à s'y engouffrer.

Nushku
4
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le 16 mars 2013

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Nushku

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