Très bonne série à condition de la voir comme un polar plutôt qu'un récit social. Ce dernier (la région sinistrée, la fermeture de l'usine, la lutte syndicale) n'occupe en fait que le décor, la toile de fond de l'histoire. A ceux qui s'en plaignent en disant que la dimension sociale est "occultée" par la noirceur de l'intrigue, j'ai envie de rétorquer que ce monde-là a aussi droit à la fiction, a le droit d'être un décor, de porter un scénario, de faire partie des imaginaires, sans qu'on le considère toujours comme un objet d'étude, un freak circus pour journalistes et sociologues.
La série elle-même est froide, nerveuse, tragique. Roschdy Zem, Olivia Bonamy, Florent Dorizon et les autres, dont Tchéky Karyo, sont excellents. Les deux jeunes acteurs dont j'ignore les noms, qui partent en virée à la fin, sont frappants de justesse. Leurs personnages disent leur mal-être avec plus de force encore que ceux de l'intrigue principale : il est impossible de s'en sortir, d'en sortir, sans le vol, l'arrachement, la violence - sans la guerre.
"Là où règne la violence, il n'est de recours qu'en la violence;
Là où se trouvent les hommes, seuls les hommes peuvent porter secours."