Avatar, le Dernier Maître de l'Air est un modèle de production. Le dessin s'inspire allègrement du trait asiatique. Pour cause, tout l'univers est une réappropriation libre de l'Asie et ses caractéristiques culturelles. Ne pouvons-nous pas voir d'ailleurs dans les quatre tribus qui composent chacune un élément une allégorie de peuples réels? Le peuple de l'eau comme les Inuits, Le peuple du fieu comme le Japon, le peuple de la Terre comme la Chine. Seul le peuple de l'Air est un peu différent, puisqu'il est l'incarnation des moines bouddhistes.
Aussi, sur les trois saisons (chacun étant un livre), les scénaristes savent où aller depuis le départ, ce qui permet au dessin animé de jouir d'un rythme parfaitement maîtrisé, où chaque nouveau dessin animé, qu'il soit de l'ordre de la quête annexe ou principale, apporte un élément supplémentaire au téléspectateur. Parfaitement mené, Avatar s'offre même le luxe de construire un univers aux règles simples, certes, mais avec beaucoup de cohérence. En effet, rien de ce qui se dit d'un épisode à l'autre est oublié ou sans inconséquence... Ce qui change beaucoup des dessins-animés actuels ou il est rare de suivre une histoire globale pensée ainsi dès le début.
Plus encore, le dessin-animé surprend par ses audaces. Passé la saison 1 quelque peu (trop) enfantine, la série décolle en proposant à la fois des scènes d'action impressionnantes de fluidité et de créativité, d'humour... Surtout, des scènes abordant la psychologie des personnages. Ce dernier paramètre est soigné et apporte vraiment une saveur humaine à l'épopée. Les "méchants" ne sont pas tous caricaturaux mais ambivalents (d'où le fait que l'un des méchants est un des personnages les plus appréciés), et les "gentils" expriment leurs pensées, leurs souvenirs (généralement un ou deux épisodes sur le passé de chacun)... Le traitement de Aang est particulièrement réussi, entre les peurs et les distractions d'un simple enfant au fardeau trop lourd (souvent montré de façon humoristique) et la réflexion intense sur ses gestes et l'avenir qu'il propose à l'humanité (quel final! QUEL final!).
On en attendait pas tant, pour tout dire. Une surprise totale.