Dans la catégorie prolifique des animés-shaker (comprendre : ces animés qui se contentent de prendre des oeuvres connues, de les coller dans un shaker et de mixer pour en faire un smoothie, une sale habitude créative depuis Code Geass), B: The Beginning tire positivement son épingle du jeu en choisissant ses influences avec autant de goût que de soin.
Si l'on pensera inévitablement à Zankyou no Terror pour la direction artistique, Psycho-Pass pour les segments policiers, D-Gray Man pour le look des Market Maker, F the Perfect Insider pour Keith Flick, Eden of the East pour Koku, Death Note et tellement d'autres encore (y compris Code Geass, c'est de bonne guerre), c'est une réécriture de l'excellent Darker than Black que livre l'équipe de production, mais vu au travers du prisme du (controversé) Re:Cyborg 009, dont il emprunte les passionnantes prémices. Même s'il n'égale ni l'un ni l'autre, on pourrait difficilement rêver choix plus avisé.
Empêtrée dans un classicisme de mauvais aloi - et souvent trop sanguinolente pour être honnête -, la série fleure bon le déjà-vu, mais avec le brio technique propre aux productions I.G. - et si les personnages ne sont que des archétypes en puissance, on doit leur reconnaître qu'ils remplissent (bien) leur fonction narrative.
Il faut dire qu'avec 12 petits épisodes au compteur et autant de monde au casting, il était difficile de prendre des décisions plus audacieuses, et c'est bien là le principal défaut de B : the Beginning. Il a trop à dire en trop peu de temps. Comme s'il essayait de faire tenir trois séries distinctes dans le carcan d'une demi-saison : thriller, romance, fantastique, drame psychologique, affrontements shonen, tout y passe en avance accélérée, sans jamais pouvoir prendre le temps de souffler ou d'exister vraiment.
Tout se tient pourtant et reste parfaitement scripté, compte tenu de ces contraintes : le récit a son début (trompeur), son milieu (libérateur) et sa fin (magistrale), on ne sera frustré que par cette courte séquence d'épilogue, annonçant sans génie (les vrais savent) une saison 2 franchement dispensable.
B the Beginning joue les cartes de sa narration face cachée et peine à convaincre tant qu'il ne les révèle pas. Pour autant, il gratifie le spectateur patient de quelques satisfactions cérébrales inattendues en bout de course, à la façon d'un prestidigitateur chevronné.
Si l'écriture est parfois maladroite, on ne pourra toutefois que pester de voir tant de matière - de qualité ! - rester inexploitée, ou à peine effleurée, alors qu'il y avait là de quoi occuper 24 épisodes de plus, sans forcer - et au minimum.
L'univers qu'on devine au-delà, sa mythologie, la psyché de certains personnages auraient mérité tellement plus qu'on ne pourra pas s'empêcher de soupirer après coup, mais compte tenu de la médiocrité de la plupart des productions nippones actuelles, misant tout sur le spectacle et pas grand chose sur le fond, on préfèrera ça à son contraire et on pestera en silence.
Seul.
Dans le noir.