« Ce qui frappe dans Bakemonogatari, c'est son graphisme. » « Tout est dans le graphisme. » « Le point fort de cette série, c'est son univers graphique. »
Je ne remets pas en question les critiques de chacun – j'avoue avoir eu la flemme de toutes les lire. Seulement je ne suis pas du tout d'accord avec cet argument. La série est belle, c'est vrai. J'ai été attiré par les images promotionnelles, c'est vrai aussi. Toutefois, considérer qu'elle est une belle œuvre uniquement pour cette raison est dégradant, pour deux raisons. La première, quitte à rester dans le domaine visuel, est que Shaft, au-delà du décor et des personnages, fait un très gros travail sur le symbolisme. Dire « c'est beau », c'est passer complètement à côté de ces plans et d'une bonne portion de l'anime.
La deuxième raison concerne ce qui fait l'essence de "Bakemonogatari", et a fortiori celle de bien des œuvres de Nisioisin : les dialogues. Quand on regarde de près "Bakemonogatari", c'est 90 % de blabla et 10 % de fanservice (on peut négocier sur les proportions). Mais pour ce qui est d'y trouver une intrigue, ce qu'on attend normalement d'une série ou d'une histoire, on peut repasser. Oui, cette série repose sur les dialogues, d'où l'importance des jeux sémantiques (entre homonymie et paronymie, avec une bonne dose d'humour, on a une large fourchette), et sur les interactions entre les différents personnages ; il n'y a rien d'autre. Cela explique pourquoi beaucoup de personnes eurent l'impression de perdre leur temps, c'est aussi ce qui, je trouve, rend la chose difficile à juger. Les questions de jeux de mots sont toujours des affaires de goût, pareil pour l'humour, la quantité de dialogue, et ainsi de suite.
Plus subtil, il y a un thème constant dans "Bakemonogatari" : l'acceptation. Contrairement au cliché, qui veut qu'on ait généralement une suppression de l'élément perturbateur, le plus souvent par la force, ici il n'en est jamais question. Rien ne disparaît purement et simplement. Quelque part, c'est une leçon de vie, mais je doute qu'elle soit voulue comme telle. Quoi qu'il en soit, nos personnages apprennent à vivre avec les choses ; on continue avec des cicatrices, avec des séquelles, avec des sacrifices, plutôt que de faire comme si rien ne s'était produit. Et ça, honnêtement, je trouve que c'est appréciable.
Pour finir, "Bakemonogatari" s'est attirée les faveurs de mon cœur pour les raisons exposées plus haut, évidemment un peu pour Senjougahara, mais aussi pour sa musique (君の知らない物語 est une perle) et surtout le surréalisme baignant cet univers. Savoir que la suite est animée en ce moment me ravit, car "Nisemonogatari" apporte ce qui a fait le succès de son prédécesseur avec plus d'intensité. Bref, du travail chiadé comme on en voit rarement.