Je pense que l'on est tous d'accord là-dessus : Naru est un remède, et dans le bon sens du terme ! D'un côté, bien-sûr, elle peut nous rappeler à cette innocence, à cette énergie débordante que nous avons perdu au fil du temps en devenant adulte... Mais d'un autre côté, je pense qu'elle nous fait surtout comprendre qu'un adulte, en fin de compte, ce n'est qu'un enfant qui joue à l'adulte ! Et notre petite Naru, tout naturellement, ne va pas cesser de distiller cette réalité dans l'esprit de ce cher Seishu Handa, jeune calligraphe talentueux mais en proie à une période d'égarement artistique et comportemental. Barakamon nous raconte la remise en question, mais aussi l'apprentissage de la connaissance de soi, la recherche d'une "marque de fabrique" de qui l'on est vraiment. Et quoi de mieux que de se reconnecter à l'enfant qui est en nous pour y parvenir ? Quoi de mieux que de côtoyer la simplicité spontanée de la vie à la campagne et de ses habitants pour tenter de s'extirper d'un cadre conventionnel parasitant, asphyxiant ? Car c'est bien d'art dont il est question ici, et l'art et les conventions font rarement bon ménage... Une "punition" bienfaitrice donc, salvatrice peut-être, pour un personnage principal attachant mais caractériel et bloqué dans ses principes. Un mal pour un mieux...
Tous ces sujets de réflexion offrent un volume inattendu à une série qui peut paraître naïve au premier abord. Barakamon est un "slice of life" certes divertissant et "rince-tête", mais loin d'être dénué de messages de fond, comme nous venons de le voir. C'est une oeuvre qui fait du bien par ses moments touchants, qui fait sourire voire rire à gorge déployée par ses moments d'humour, une bonne humeur qui contribue à rendre ce parcours initiatique délectable, savoureux. Un bonheur transmis non seulement par une animation et une mise en scène plus qu'efficaces, mais aussi et surtout par des seiyuu encore une fois au sommet de leur art. J'adresse d'ailleurs une mention spéciale au doubleur de Seishu, qui aura plus d'une fois réussi à me faire mal aux abdos, notamment lorsque Naru et ses compagnons mettent la misère à son personnage, ou lorsque celui-ci se liquéfie sous ses maladresses ou son désarroi... Ce gars est un génie, je l'aime un point c'est tout !
Les qualités de Barakamon sont indéniables et méritent vraiment d'être mises en avant, que ce soit son profil de divertissement intelligent, son pouvoir comique solide servi par une technique maîtrisée, ou encore son originalité pour un "slice of life" de par l'évolution de son personnage principal. Et par conséquent, on pourra également lui reprocher d'être très court (12 épisodes seulement), une brièveté qui m'aura laissé sur ma faim après l'achèvement du dernier acte. Un autre point noir que je me permettrai de souligner, est la présence de quelques traits d'humour osés, destinés à un public averti. Non pas que ces grivoiseries soient maladroites en soi, bien au contraire, cet humour fonctionne ici aussi bien que les autres situations comiques, mais elles auraient tendance à faire passer cette série pour "faussement tout public". Une oeuvre qui n'est donc pas destinée aux enfants ou même aux pré-adolescents selon moi. Au-delà de ces petits désagréments, Barakamon reste une grosse tranche de bonheur dans laquelle on peut mordre sans modération !