Barbares
6.2
Barbares

Série Netflix (2020)

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Saison 1 :

Nous sommes en 9 après Jésus-Christ. Toute la Germanie est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Chérusques résiste encore et toujours à l'envahisseur...

On plaisante, mais comment ne pas penser à notre "Astérix" national en entamant le visionnage de la dernière série de Netflix Allemagne, "Barbares", consacrée à la bataille de la forêt de Teutobourg ? Une bataille célèbre (enfin, pas trop en France, où l'on préfère parler de Gergovie et du rôle de Vercingétorix, pourtant beaucoup moins importants historiquement !) qui vit les trois légions d'occupation de la Germanie, commandées par Varus, détruites par une alliance improbable entre des tribus locales qui ne s'étaient jamais entendues jusque-là... Si les circonstances exactes de ce désastre inédit pour l'armée romaine sont floues, hormis en ce qui concerne le rôle-clé joué par Arminius, un déserteur parfaitement au fait des tactiques romaines, voilà un sujet qui permet forcément à des scénaristes avisés de nous pondre un récit épique et sauvage, souligné d'ailleurs par des tonalités de "tragédie grecque", puisqu'il aura été décidé qu'Arminius est le fils adoptif de Varus : après tout, l'acteur italien Gaetano Aronica interprétant Varus a un joli petit air de Jules César dessiné par Uderzo, et on l'imagine bien prononcer dans le dernier épisode le fameux "Tu quoque, mi fili?" !

"Barbares" est une série qui a de nombreuses qualités, mais malheureusement quelques défauts qui vont l'empêcher d'atteindre à la grandeur attendue. Avec un budget confortable qui permet une reconstitution crédible des légions romaines et des scènes de bataille de la fin, avec une mise en scène soignée qui met en valeur l'ambiance humide et glaciale des forêts très photogéniques du nord de l'Allemagne, et avec un scénario ambitieux - on dira à la manière de "Game of Thrones", si l'on veut, arrivant à conjuguer la "grande histoire" et les tragédies personnelles - avec ses histoires de trahisons familiales complexes qui en font tout le sel -, sans trop pour autant, et c'est tant mieux, ajouter de fantastique à une histoire qui s'en passe bien, "Barbares" est une tentative honorable de produire en format "Série TV" un péplum crédible. Et, il faut le souligner, car c'est osé et ça fait une nette différence avec le tout-venant en matière de films historiques, les Germains parlent allemand et les Romains... latin ! Et ça, sans préjuger de la qualité du latin des dialogues (attendons les avis des experts...), c'est plutôt bien joué, d'autant que la question de l'incompréhension entre les deux camps, et du rôle des interprètes est important dans le déroulement du drame...

Ce qui fâchera un peu par contre, c'est d'abord une distribution qui n'est pas toujours convaincante, certains acteurs se révélant peu crédibles dans la peau de "barbares" : la jolie Jeanne Goursaud fait définitivement trop "femme moderne " pour son personnage de Thusnelda, en dépit d'un dernier épisode bien sauvage, et l'acteur interprétant son traître de père, Bernhard Schütz, semble directement sorti d'une réunion de cabinet avec Angela Merkel ! Quant au pâle Laurence Rupp, on a bien du mal à croire à son charisme qui le ferait arriver à la tête des tribus unifiées !

Ce qui fâchera beaucoup aussi, ce sont pas mal de comportements paraissant anachroniques par rapport à l'époque ("laïcité" ou presque de la société tribale germanique, modernité du comportement féminin, etc.), mais surtout les habituelles ficelles dans le scénario dont la série aurait pu s'affranchir avec un peu plus de travail : rencontres inopinées entre les personnages dans des forêts pourtant immenses, coïncidences bien commodes, et sur la fin, une accélération de la narration qui permet de faire passer en force des éléments-clé de l'histoire, comme la séquestration des enfants des "reiks", ou pire encore, la préparation et les péripéties de la bataille finale, qui manque, et c'est un comble, de crédibilité. Pour une fois, on se dit que huit épisodes au lieu de six auraient permis de mieux poser les bases et de déployer un scénario aussi complexe.

Reste que ces limites au travail d'Andreas Heckmann, Arne Nolting et Jan Martin Scharf et de leur équipe n'empêchent pas "Barbares" de s'avérer une bonne surprise improbable, qui vaut bien la peine d'investir plus de quatre heures et demie de son temps. On sera plus réservés quant à la fin ouverte du dernier épisode, laissant présager une seconde saison qui n'était certainement pas nécessaire.

[Critique écrite en 2020]

Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag :

https://www.benzinemag.net/2020/11/02/netflix-barbares-arminius-chez-goths/

Saison 2 :

Eh oui, deux ans déjà se sont écoulés depuis la première saison de Barbares (Barbaren, en VO !), la série TV allemande coproduite par Gaumont et Netflix, et voici une seconde bordée de 6 épisodes pour nous faire rêver, nous petits Gaulois en manque d’Astérix crédibles, de résistance acharnée contre un envahisseur brutal (César hier, Poutine aujourd’hui ?).

La formidable victoire des tribus germaniques sur l’armée romaine dans la Forêt de Teutobourg (des faits réels, rappelons-le ayant servi de base à la première saison) a permis aux différents chefs de tribus de s’allier, mais le spectre de l’invasion romaine n’est bien sûr pas définitivement repoussé, et un nouveau camp retranché – non, pas Babaorum ! – est implanté sur le territoire des Chérusques, qui se doivent d’aller chercher de nouveaux et plus puissants alliés.

En roue libre cette fois, la caution historique n’étant plus à l’ordre du jour – et d’ailleurs, il semblerait que les « conseillers historiques » aient quitté la série ! -, les scénaristes de Barbares nous offrent un bis repetita sans grande imagination de la première saison, avec tragédies familiales, duplicité politique et trahisons sanglantes à tous les étages, et pour finir, un joli bain de sang dans un dernier épisode – la prise d’assaut du camp retranché, certes plus modeste que la bataille de Teutobourg, mais spectaculaire – rempli d’une violence graphique pour le moins roborative. Et, bien entendu, une accentuation de toutes les caractéristiques des six premiers épisodes : plus de tragédie, plus de duplicité, plus de trahisons, plus de sang. Au point qu’on se dit que le vrai modèle de Barbares, ce n’est pas Astérix (on plaisante), mais bel et bien Game of Thrones, que la musique du générique invoque sans vergogne : les scènes d’orgie romaine dans un improbable bordel (non protégé) à l’écart du camp retranché, ne laissent guère de doutes à ce sujet.

Le résultat ? En bien, soyons honnêtes, si l’on arrive à passer sur les mêmes défauts que ceux de la première saison (invraisemblance de nombreux rebondissements, confusion topographique avec distances parcourues en un clin d’œil et rencontres inopinées dans la forêt), on est quand même gênés par le fait que la multiplication des trahisons et revirements ôte plusieurs personnages de toute crédibilité, en particulier les trois nouveaux, Flavus – le frère homo de Ari – et Gaius – son fils – (deux protagonistes capitaux ici qui apparaissent au premier épisode sans réelle justification, et ne serve qu’à remettre une pièce dans la machine), mais aussi le grand méchant, Germanicus (Alessandro Fella, délicieusement répugnant), dont on peine finalement à saisir et la véritable personnalité et les convictions réelles.

C’est bien dommage, parce que sinon, on peut reconnaître que Barbares reste plaisant, un bon divertissement en forme de péplum modernisé, avec ses deux langues (les Romains parlent latin, les « barbares » allemand), son casting plutôt réussi (Jeanne Goursaud continue à faire le taf en Thusnelda sexy et impitoyable), et ses scènes de combat très dynamiques… à condition d’être prêts à avaler des couleuvres, comme lorsque Folkwin (David Schütter, en version germanique de l’ami Brad Pitt), défait à lui seul un bataillon entier de guerriers romains... Et puis, on appréciera les petits clins d’œil à une situation contemporaine, entre une inévitable référence au valeureux combat des Ukrainiens contre les envahisseurs à la supposée supériorité militaire, et l’illusion un temps entretenue par Marbod, l’un des chefs germains, que la soumission à un Empire peut être justifiée par la prospérité économique apportée par les conquérants.

On rira de bon cœur devant les cris outragés de nos habituels réactionnaires qui déplorent la présence à l’écran d’un personnage de couleur et d’une romance homosexuelle, et vomissent leur rage devant ce qu’ils traitent de « wokisme » (sans savoir ce que ce terme signifie, rappelons-le), et, du coup, on passera avec un peu plus de bienveillance sur les nombreux défauts de la série.

Reste que, en considérant la dégradation de la série d’une saison à l’autre, on ne sait plus si l’on doit attendre patiemment une troisième saison (dans deux ans ?) qui menace de nous emmener à Rome, donc qui nécessiterait des investissements plus conséquents de la production... et beaucoup plus de sérieux du point de vue historique.

[Critique écrite en 2022]

Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2022/12/03/netflix-barbares-saison-2-le-combat-des-chefs/

EricDebarnot
6
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Créée

le 3 déc. 2022

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Eric BBYoda

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