La promo JCDecaux avec les affiches de la série sur le modèle des placards électoraux était une bonne idée de "campagne" publicitaire. Chaque version d'House of cards est marquée par son origine, entre le solennel de l'administration américaine et la british touch de la version originale. Ici ça sent vraiment le truc français et plus particulièrement la patte Canal + ("CREATEUR DE SERIES ORIGINALES !") dans le bon sens du terme. La proximité avec l'actualité renforcée par la ressemblance des acteurs politico-médiatiques de la scène hexagonale apporte la fine distance nécessaire pour aborder les choses ainsi qu'une plus value légèrement uchronique à un scénario savamment renseigné et documenté sur les coulisses de la vie politique. On s'y croirait presque, cette soif du détail quasi documentaire et cette rigueur scénaristique qui ne tombe jamais dans l'attendu confèrent à l'ensemble une authenticité très concrète qui permet à ce décryptage politique fictionnel d'être d'autant plus juste et troublant.
Les courtes saisons bien rythmés ne s'embarrassent pas de superflu et proposent à chaque épisode une tranche de vie politique condensée et mouvementée en sachant manier les twists avec cohérence. A cela s'ajoute une dimension dramatique qui sous-tend l'ensemble par une pesanteur sourde et permanente parfois asphyxiante dans son cynisme fataliste poussé à son paroxysme lors du final. Le casting impeccable des seconds rôles fait opérer l'alchimie entre des pointures du grand écran comme Niels Arestrup avec de belles révélations à l'image du convaincant Hugo Becker en militant torturé, les ébats politiques propices aux phrases choc rendent la partition savoureuse pour les acteurs et ça se ressent. Bref une série d'excellente facture bénéficiant d'un scénario machiavélique et percutant, de quoi la placer très haut dessus de la mêlée des productions made in France habituelles.