All of this has happened before, and it will all happen again.
Tout fan de SF se doit de regarder ce reboot de Battlestar Galactica, mais pas seulement. Cette série vise en effet plus haut qu'un simple divertissement dans l'espace, genre auquel la SF a été trop longuement restreint à la télévision.
Les plus anciens d'entre nous se souviendront du Space-opéra éponyme des années 80, pas forcément pour les bonnes raisons: la série se caractérisant avant tout par son habillage ultra-kitch si particulier à cette époque.
Pour ce nouvel opus de BattleStar Galactica on revisite le genre : cette fois c'est du Space-opéra "post 11 septembre".
Autant le dire tout de suite: c'est pas la joie.
Sur le papier très franchement, ça peut faire peur (surtout quand on a des flash de l'ancienne version en mémoire), mais le résultat est ... miraculeux.
Cette série est donc très réussie sur sa forme, son ambiance et sur son scénario qui malgré quelque points discutables est très abouti dans l'ensemble.
Les personnages suivis sont passionnants et avant tout "tangibles". Pour cause, les acteurs qui les incarnent sont brillants, avec en tête de file le très charismatique Edward James Olmos (Blade Runner, Miami Vice).
La bande originale est inoubliable, je la recommande vivement. Les thèmes musicaux sont inextricablement liés à l"histoire, aux personnages, c'est véritablement une voix intégrée à l'histoire.
Seul Twin Peaks m'avait marqué à ce point pour l'omniprésence de sa bande son si particulière. C'est aussi fort ici, sinon plus (question de goût).
Donc pour moi c'est une série qui fera date comme toutes les grandes séries de l'histoire de la TV et de la SF.
Grâce à cette série, la Science Fiction retrouve enfin la noblesse qui a toujours été la sienne dans la littérature: c'est à dire un genre qui permet tout et qui est donc idéal pour s'interroger sur nous même.
Ce grand voyage que nous offre BattleStar Galactica se rapproche des grands voyages mythiques de la littérature comme l'Odysée.
On retrouve ici le cycle d'espoir/nouveau voyage qui est au coeur de l'oeuvre d'Homère. L'espoir c'est l'espérance en un avenir meilleur que nous partageons tous, retrouver un foyer, être en sécurité parmi les siens, les êtres chers, aimés.
Pour des voyageurs égarés cette espérance en un avenir meilleur est le bien le plus précieux qui reste, c'est l'ultime raison d'être qui maintient en vie et pousse ses protagonistes à avancer encore un peu plus loin chaque jour.
Dans les heures les plus sombres, ce n'est plus qu'une illusion d'espoir, une faible incantation dont on doute désormais, mais cette modeste béquille d'espoir aussi fragile soit elle, soutient malgré tout les égarés dans leur voyage désormais introspectif.
Et parfois au gré des aventures et des espoirs déçus, il semble que le chemin du retour se révèle enfin.
Or ce que nous apprennent toutes ces grandes histoires, dont fait partie BattleStar Galactica c'est que ce port n'est jamais atteint, le voyage jamais terminé et donc qu'inévitablement nous nous égarons encore et toujours.
C'est parce qu'il n'y a pas de bons ports où accoster, ni de foyers éternellement sûrs pour nous abriter toujours.
La seule chose de tangible que nous avons en notre possession c'est cette béquille d'espoir aussi fragile soit-elle, et sur laquelle à force de nous appuyer nous finissons par matérialiser notre société.
Société qui sera donc à l'image de nos espoirs, imparfaite, éternellement en mouvement puisqu’égarée c'est à dire en perpétuelle recherche d'un bon port à atteindre.