Trois Anglais envahissent un camp d'été californien
Cette comédie britannique de la chaîne E4 met en scène trois étudiants anglais qui vont s'occuper d'adolescents dans un camp d'été californien pour fils de riches. Malheureusement pour eux, on leur assigne un groupe de 5 losers obèses, qui sont chaque année les têtes de turc du camp.
Flynn, le beau gosse anglais, est venu à Beaver Falls pour passer le meilleur été de sa vie, et il espère enchaîner les conquêtes comme jamais. Sous sa façade de playboy se cache pourtant un lourd secret... Adil, surnommé A-rab par ses amis, sort d'une relation qui l'a laminé, et il peine à croire en l'amour. Enfin, Barry, le nerd puceau à la coiffure improbable, tombe amoureux d'une blonde inaccessible, mais il n'abandonne jamais et trouve le moindre prétexte pour passer du temps avec elle.
Filmée sans prétention en Afrique du Sud, Beaver Falls ne paie tout d'abord pas de mine. L'humour anglais est moins incisif que d'habitude, et on a parfois l'impression de regarder une banale série adolescente comme on en voit par dizaines sur les chaînes américaines. Ca nous parle de relations amoureuses à tout va, avec ce qu'il faut de morale religieuse, et l'opposition entre les joueurs de football populaires et la bande des petits gros semble avoir été traitée 1000 fois auparavant à la télé ou au cinéma.
Malgré tout, les gamins sont assez attachants, à commencer par le petit black, dont le langage et l'attitude misogyne font de lui le fils spirituel d'Ice Cube. Du côté des animateurs, Adil est un peu trop fleur bleue pour être passionnant, et Flynn se révèle moins superficiel qu'on aurait pu l'imaginer. Mais au final, c'est Barry qui vole la vedette à tout le monde : avec son visage figé qui rappelle le Sylvester Stallone de Rocky I et son flegme typiquement anglais, il habite chacune de ses scènes et se révèle être le personnage le plus intéressant de la série.
Au final, on aurait pu espérer que cette comédie soit un peu moins lisse, et que l'accent soit plus mis sur la déconnade entre adolescents (un peu comme dans The Inbetweeners, par ailleurs diffusé sur la même chaîne). Hormis quelques fulgurances comiques, il n'en est rien, et Beaver Falls passe un peu à côté de son sujet (l'animation d'un camp d'été) pour se concentrer presque uniquement sur les amours d'été. Mais malgré ses défauts et son manque évident de moyens, cette comédie d'E4 reste un divertissement sympathique, dont la force réside avant tout dans ses personnages. Comme le dit l'intendant du camp dans le dernier épisode, la vie n'est pas facile, et les meilleurs souvenirs, c'est souvent à l'adolescence qu'on les forge. Sur ce point, Beaver Falls a tout compris, et une certaine nostalgie nous envahit lors du sixième et dernier épisode, comme si on avait nous-mêmes passé nos vacances d'été en Californie avec tous ces personnages un peu loufoques...