J'ai failli confondre Big Little Lies avec un millième Desperate Housewives en découvrant ses prémices, certes intriguant, mais peu originaux : cinq mères de famille (presque toutes extrêmement riches), un enfant blessé qui en accuse un autre, et un meurtre qui se profile à l'horizon.
Quelle joie de m'être trompée, quand au fil des épisodes, l'intrigue s'épaissit et le véritable sujet de la série se dévoile : Big Littles Lies est un portrait subtil et sombre d'un sexisme et d'une misogynie systématiques et ambiants, que ce soit dans les relations de couple ou dans les liens amicaux. Traitant de leurs formes les plus banalisées (les remarques désagréables d'hommes à femmes, mais également de femme à femme, la jalousie sur le salaire, le jugement sans appel des mères jonglant entre leurs enfants et des responsabilités au travail etc.) jusqu'à leurs matérialisations les plus violentes, comme le viol.
C'est intelligent, extrêmement bien réalisé, très beau, et la bande son est incroyable. Je n'ai pas lu le livre, donc je ne peux pas comparer, mais les dialogues sont très bien écrits, alternant entre sérieux et ironie, ce qui permet d'alléger de temps à autre l'ambiance généralement très pesante avec une pincée d'humour noir et d'absurde.
Côté actrices, car oui, ce sont elles qui portent la série face à des rôles masculins plus secondaires et moins impactant (exception faite d'un personnage, mais ce serait spoiler que d'en parler ici), il n'y a absolument rien à redire. Elles habitent leur rôle à la perfection, évoluant au fur et à mesure que la profondeur de leur personnage grandit.
Deux exemples marquant : d'un côté, Maddy, la mère de famille cliché, commère, bavarde et obsédée à l'idée de tout contrôler se révèle bien plus complexe et attachante tout du long de la première saison; de l'autre, Céleste, ancienne avocate reconvertie en femme au foyer, dont la beauté fragile provoque envie et jalousie auprès des autres familles, passe de rôle plutôt secondaire à véritable star de la série (je n'en dirai pas plus), transition portée par une Nicole Kidman de plus en plus incarnée, envoûtante et touchante.
Même les acteurs jouant les enfants, point central de la série dans un premier temps, sont très convaincants, ce qui est assez rare pour être souligné.
Si la première saison n'est pas sans défauts, elle parvient, avec une forme extrêmement léchée et un fond réaliste à s'affirmer comme une véritable réussite. D'autant plus que la seconde saison vaut également le détour, palliant certaines faiblesses scénaristiques et morales de la première.
Si vous n'avez pas peur des sujets qui fâchent et des ambiances un peu trop pesantes, prenez votre courage à deux mains et partez à la découverte de cette petite pépite, vous ne serez pas déçus.