Cette mini-série policière est inspirée de l'histoire vraie de James Keene, petit dealer chargé par le FBI de recueillir en prison les aveux de Larry Hall, soupçonné d'être un tueur en série.
Accrocheuse et souvent captivante, "Black Bird" constitue une belle réussite, seulement affaiblie par quelques parti-pris discutables.
Ainsi, je n'ai pas été convaincu par le choix de l'acteur britannique Taron Egerton dans le rôle principal : avec sa belle gueule de super héros Marvel et sa musculature à l'avenant, Egerton s'inscrit assez mal dans le tableau "réaliste" mis en place par Dennis Lehane, showrunner de la série. De plus, la présentation du personnage s'avère en complet décalage avec la suite : "Black Bird" débute en effet comme une comédie à la cool, souhaitant probablement souligner la profonde évolution du héros, mais ce décalage apparaît trop marqué à mon goût par rapport au style minimaliste de l'enquête et à l'atmosphère glauque de la prison.
Autre contrariété : mon intérêt pour la série aura fluctué tout au long des 6 épisodes, assez inégaux. Ainsi, les deux premiers m'auront scotché à l'écran, avant une petite baisse de régime lors de l'arrivée en prison. A cet égard, les auteurs ont fait preuve d'audace dans la construction narrative, avec un épisode intégralement consacré à une conversation entre Keene et Hall : un parti-pris gonflé, mais le rythme s'en ressent.
Enfin, l'ultime épisode pourra apparaître frustrant, car certains arcs narratifs n'aboutissent pas à grand chose : celui du mafieux en prison, celui du père à l'extérieur... Même l'enquête proprement dite s'achève de manière assez abrupte. On est confronté ici aux limites de la fiction basée sur des faits réels...
"Black Bird" reste toutefois une vraie bonne série, bénéficiant de plusieurs atouts remarquables, à commencer par la prestation hors-norme de Paul Walter Hauser, qui campe un Larry Hall à la fois super flippant et terriblement humain. Avec ses rouflaquettes et sa voix de fausset, le comédien "crée" un personnage instantanément iconique.
Globalement, l'interprétation constitue l'un des gros points forts du show : on assiste ainsi au dernier rôle de Ray Liotta, émouvant dans la peau d'un père aimant mais nocif, affaibli par un AVC. Dans un registre plus sobre, j'ai beaucoup aimé également les prestations de l'excellent Greg Kinnear et de la charmante Sepideh Moafi.
Par ailleurs, la mini-série carcérale d'Apple TV bénéficie d'une mise en scène soignée (œuvre du réalisateur belge Michaël R Roskam durant les 3 premiers épisodes), soulignée par une bande originale efficace signée Mogwai, à la fois inquiétante et mélancolique.