Braveheart

Thèmes : Enseignement / Ecole / Système scolaire / Corée du Sud

Romance : 0% / Féminisme : 90% / Paternalisme : 0% / Bromance : 50 % *

Lorsqu'elle était lycéenne, Go Ha-neul était admirative de l'un de se professeurs. Adulte, elle rêve de devenir enseignante. Elle commence à travailler comme professeur vacataire dans un lycée privé. Pendant qu'elle y travaille, elle interagit avec de nombreuses personnes, y compris les enseignants Park Seong-sun et Do Yeon-wu. Tous deux sont dédiés à leur travail d'enseignant. Pendant ce temps, Go Ha-neul fait face à différents problèmes à l'école ce qui va la faire grandir en tant que personne et enseignante.

Black dog ou La Dévotion à l'art de l'enseignement.

Nous suivons donc ici le personnage de Go Ha-neul, une jeune femme intelligente, attachée à l'idée de faire de son mieux et qui grandit au fil du drama. C'est une série passionnante et pertinente sur les difficultés actuelles des jeunes Coréens à accéder à un emploi, face à une concurrence forte, une exigence de tous les instants et un stress permanent. La série nous parle plus largement et de manière remarquable de la société sud-coréenne, comme le font aussi deux autres pépites dont l'action se situe aussi dans le monde du travail : Misaeng et Live (que je suis en train de terminer en ce moment même).

C'est une série tellement riche que maintenant que je suis en train d'écrire, je ne sais pas par quel bout prendre le truc...

Bon, déjà, l'enseignement, ce n'est pas rien, mais en Corée du Sud, c'est une affaire plus que sérieuse. C'est un monde aux nombreux acteurs, soumis à l'ingérence des uns (les parents), aux décisions des autres (les universités) ou à la concurrence entre élèves (largement entretenue par le système lui-même) et entre profs...

La pression sur les élèves est énorme, mais Black dog nous dépeint également la pression terrible qui repose sur les enseignants. C'est quelque chose dont je n'avais pas autant idée avant de regarder la série. Les profs sont constamment scrutés (par les élèves, par leurs parents, par leurs collègues, par leur hiérarchie, par la société). Ils sont non seulement observés, mais ils sont aussi évalués (notés par les élèves) donc en permanence jugés, d'où une anxiété de tous les instants, jamais au repos.

De même, entre eux, ils ne sont pas égaux avec, d'un côté, les professeurs titulaires et de l'autre, les vacataires. Si les premiers sont respectés, les seconds ne sont pas considérés comme leurs égaux et sont méprisés car vus comme des profs au rabais. D'ailleurs, dans la série, aucun élève ne sait qui est titulaire et qui est vacataire : il ne faut surtout pas que l'information se répande. Un jeune prof vacataire subit donc on seulement l'angoisse du lendemain (serais-je encore là dans 6 mois ?), mais aussi la peur d'être "démasqué" si je puis dire...

Le drama évoque aussi largement un autre problème : le fait que l'enseignement en Corée, particulièrement sans doute dans les écoles privées, privilégie avant tout les meilleurs élèves. En effet, le but de tout lycée est d'être réputé et donc être celui qui enverra le max d'élèves dans les plus grandes universités, d'où le projet de favoriser des classes parallèles destinées à l'élite des élèves (ici Go Ha-neul est chargée de prendre en charge une classe de ce type). Les autres élèves se sentent ainsi abandonnés ou du moins laissés pour compte...

On comprend tous les enjeux du lycée et des notes pour les jeunes et leurs parents, dans une société qui accorde toujours plus d'importance aux classements, aux matières privilégiées (les maths et les lettres comme seules matières nobles, les maths en première place) et à une unique forme d'intelligence...

Le personnage de Go Ha-neul, encore en germe comme prof, a cette capacité de se remettre en question, et à interroger le système : elle réveille chez certains une conscience, ou du moins en rallume l'étincelle : est-ce que l'institution ne devrait pas soutenir en priorité les élèves les plus en difficulté au lieu de se focaliser sur la réussite d'un micro groupe, tout ça dans le but qu'un peu de prestige rejaillisse sur l'établissement ? Après tout, c'est quoi la mission d'un enseignant ?

Ainsi c'est sur l'essence même du prof, et sur celle plus large du corps enseignant que s'interroge Ha-neul et donc la série. Qu'est-ce-qui définit un enseignant ? Qu'est ce qui en fait l'âme ?

La série ne fustige pas le système actuel en Corée du Sud, non, elle tend un miroir à la société. Elle le fait de manière calme et avec maîtrise. La série n'est pas spectaculaire sur la thématique comme un Sky Castle par exemple : il n'y a pas de méchants ou de gentils. Elle est bien plus subtile que ça.

Pour résumer, la série s'attaque à un système éducatif qui est violent envers les élèves comme envers les professeurs. Elle décrit un monde ultra codifié et au final flippant, mais elle dit aussi qu'une réforme est possible, grâce à certains esprits éclairés et à des actions individuelles. Elle espère que de jeunes gens sauront saisir l'opportunité de faire évoluer le système et d'aller chercher la moelle de la fonction de prof. En cela, les personnages de Go Ha-neul et de sa supérieur hiérarchique, Park Seong-sun, sont particulièrement actives et impliquées. Le drama n'hésite pas non plus à montrer les erreurs faites par les uns et les autres, malgré une bonne volonté évidente de la part de beaucoup. Elle montre aussi l'usure (le personnage du jeune prof vacataire de puis 6 longues années), la fragilité (la collègue de Ha-neul qui craque et part), la rancune (l'ex vacataire dont personne ou presque ne se souvient...). C'est un drama ultra réaliste et pertinent, très humain, lent et introspectif, aux personnages attachants, plein de courage et de dévotion et qui vivent des hauts et des bas, qui espèrent beaucoup mais ne gagnent pas toujours, dans une société imparfaite.

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094