“Buckle your seatbelt Dorothy, 'cause Kansas is going bye-bye!”
Je vois pas ça vraiment comme une série: 3 épisodes par saison, pas de perso ni aucune histoire en commun... En fait, c'est plutôt un film à sketch, sur le thème du rapport de l'homme à l'image/média et la technologie.
C'est plutôt abouti d'un point de vue "théorie des médias", très réfléchi. Et ça reste pas mal en tête après le visionnage.
Ce qui est intéressant, c'est pas tant les histoires qu'on nous raconte ou les personnages qu'on voit évoluer, mais plutôt les six univers qui nous sont présentés.
Le premier est réaliste, mais il s'y passe un truc complètement improbable, mais pas impossible: des terroristes kidnappent une princesse et exigent du premier ministre qu'il fasse l'amour avec un porc en direct sur Youtube.
Le deuxième: une dystopie, dans laquelle la technologie est devenue omniprésente. Il n'y a plus que des écrans à visionner et un travail physique: fournir de l'énergie en pédalant sur des dynamo. L'univers des travailleurs est vide, il n'y a que leur vélos d'appartement, derrières des écrans, et leurs chambres (cellules) dont les murs sont des écrans. Tous rêvent d’accéder à la célébrité en faisant partie de ceux que l'on voit à la télé, en passant de l'autre côté du miroir, en somme.
Le dernier de la première saison se passe dans un futur dans lequel le vécu est stocké sur disque dur, ce qui empêche chacun de vivre dans le présent.
Chaque histoire, donc, n'a que peu d'intérêt, de même que sa crédibilité ou sa vraisemblance. Souvent des incohérences sont balayées d'un revers de main (dans le 1, on se fout de savoir comment la princesse a été enlevée et par qui, dans le 2, on se fout de savoir comment les travailleurs sont arrivés et ce que fait le reste de l'humanité, et dans le 3, on se fout de savoir de qui est réellement l'enfant). L'intérêt, c'est la question que pose cette série: est-ce que vraiment on se fait bouffer par l'image? Est-ce que tout ça a un réel intérêt? Est-ce qu'on se libère, ou est-ce que s'emprisonne?
On va pas trop entrer dans le débat théorique, au risque de faire mal aux mouches, mais je pense que c'est sous cet angle que la série doit être jugée, et non sur son aspect dramatique ou sa qualité de réalisation (que j'ai trouvé plutôt balaise, soit dit en passant, particulièrement le dernier épisode).
Ca donne envie de se plonger dans du Mc Luhan (mister "medium is the message"), ou Baudrillard (mister "hyper réalité") ou Guy Debord (mister "société du spectacle"). La dernière fois qu'un film m'a fait ça, c'était Matrix qui m'a fait lire Platon, Descartes, et Baudrillard justement.
Bref, attachez vos ceintures, vous allez vers un truc assez ouf.
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