Israël nous a habitué depuis quelques années déjà à des productions sérielles de haut-vol, Hatufim étant l’exemple le plus connu, suivi plus récemment de Fauda. Néanmoins avec la multiplication de ces séries, il apparaît de plus en plus que l’industrie israélienne soit désormais entrée dans une logique de rendement, laquelle se répercute mécaniquement sur la qualité de certaines productions et nécessite dès lors de séparer le bon grain de l’ivraie (cf. When Heroes Fly).
Black Space se présente sur le format à présent canonique de la mini-série, découpant son histoire en huit épisodes de quarante-cinq minutes. Le scénario s’axe autour d’une fusillade dans un lycée qui fait quatre victimes, lesquelles furent apparemment ciblées précisément et tuées par des membres du lycée en question. C’est l’inspecteur Rami Davidi (Guri Alfi) qui hérite de l’affaire. Celle-ci va se révéler à mesure qu’il va enquêter de plus en plus épineuse, requérant de sa part tact et bon sens. Deux qualités malheureusement absentes du personnage, fort peu attachant malgré ses démons intérieurs et son œil en moins qui lui donnent un certain charisme.
La structure narrative de Black Space se révèle à mesure des épisodes très classique. On est dans un schéma du « jeu du chat et de la souris », avec un saupoudrage très léger de thriller psychologique que des dialogues creux et un jeu d’acteur moyen viennent quelque peu saborder. Ajoutez à cela une pointe de technologie et de réseaux sociaux (très caricaturaux) et vous obtenez une sorte d’hybride entre 13 Reasons Why et Elite, avec bien moins de punch cependant.
Les relations entre les personnages sont trop maladroites et distendues pour susciter un semblant d’émotion. À force de trop vouloir disperser l’enquête dans tous les sens afin de lui donner une allure de complexité, la série s’enferme dans une construction rébarbative et sans grand panache, ne reposant quasiment que sur les rebondissements afin de relancer périodiquement l'intérêt.
La réalisation, médiocre, ne peut sauver un tant soit peu toute cette affaire qui vire rapidement à la cacophonie illisible et éreintante. À voir si une deuxième saison pourra relever un peu le niveau, mais les bases semblent malheureusement être trop chancelantes pour cela.