Evidemment on ne peut que saluer une fiction relative à un épisode totalement méconnu (du moins sous nos latitudes) de l'histoire africaine. L'interprétation est excellente, le récit est sans fioriture et même si on se doutait que le comportement des colons était particulièrement brutal on demeure surpris de la facilité avec laquelle un blanc peut tuer un noir pour des raisons très variables sans avoir le moindre soupçon de culpabilité. Cela étant à mettre en parallèle avec le profond sentiment religieux qui habite les mêmes blancs, et nous rappeler que, comme c'est dit dans un épisode, Dieu est une des meilleures excuse pour tuer des gens. Ceux que Dieu ne reconnait pas (parce qu'ils sont soi-disant ignorants, incultes, ou ont la peau noire dans le cas présent) sont trop loin de l'humain pour que l'on se soucie de leur vie. C'est à rapprocher de faits plus récents.
Ceci étant dit il y a quand même dans la forme des choses qui sont gênantes. D'abord ce sempiternel plan de chariots qui semblent rouler éternellement dans le même décor, des costumes à vérifier (nous sommes à la fin des années 1830!) et un armement totalement fantaisiste. Les munitions avec douilles qui nous sont montrées seront fabriquées en série, suffisamment pour qu'elles atteignent le fond des savanes, des décennies plus tard. Idem pour les fusils à culasses. Pour certains ils ne peut s'agir que de détails, pour moi ils trahissent, soit un manque de moyen, soit un travail de documentation bâclé qui jette le doute sur tout les reste du récit.