Blue Eye Samurai par VKaeru

Je n'aurais pas regardé cette série si elle ne m'avait pas été chaudement recommandée par ma sœur. Elle m'a également recommandé des choses que j'ai trouvé abominablement nulles, mais il faut savoir faire confiance parfois. Cette proposition récurrente de placer un personnage occidental dans un cadre japonais m'a toujours un peu dérangé, comme si une culture ne se suffisait pas à elle-même. Bien sûr, l'angle de l'isolationnisme rompu de l'île est fascinant d'un point de vue ethnologique, alors même que cette civilisation était très proche des nôtres en terme de développement technologique et artistique, contrairement aux films traitant de peuplades "primitives", en les présentant souvent en paradis perdu, en Eden préservé du monde extérieur. Le Japon fait presque figure d'uchronie, tant les similitudes culturelles et la fascination artistique réciproque nous rapproche. Il est donc logique que la culture populaire s'approprie le point de rupture de cet isolement et la confrontation de deux univers. Cependant, pourquoi voir une série d'animation américaine en langue anglaise traitant du Japon quand tant d'animés proposent des variations infinies autour des innombrables aspects du pays ? Car le traitement de l'histoire et le savoir-faire des studios d'animations (français au passage pour Blue Eye Samurai) n'est pas le même. Très vite, j'ai dépassé ma réticence de voir des personnages japonais parler anglais en plein époque d'Edo et je suis même retourné à la VO après un bref passage en version japonaise, la synchronisation labiale et l'interprétation originale étant parfaites à la base. La mise en scène est somptueuse, certains plans sont iconiques et réfléchis en termes de cinéma, ce dont peu de séries peuvent se prévaloir, Arcane étant une notable exception. Chaque plan fait sens, est cohérent en terme de symbolisme et d'action, les combats sont nerveux et féroces, il n'y a pas de tabous mais rien ne semble provocateur de manière gratuite. L'évolution des personnages est remarquable même si certains retournements arrivent avec de grands sabots, les évènements sont souvent difficiles à prévoir et surprenants mais rarement forcés, la plupart du temps découlant logiquement des choses (le fait qu'elle refuse de reforger son sabre brisé par exemple, le spectateur étant si habitué à être satisfait par ce genre d'arc que sa frustration est encore mieux sentie). Je mettrais un bémol au côté John Wick de l'héroïne qui perd 20 cotes à chaque combat et qui retourne se battre 5 minutes après. La série aurait très bien pu s'arrêter en une saison mais ne boudons pas notre plaisir avec une suite lorsque le spectacle proposé est de si bonne qualité.