Encore une série qui m'attirait pour son univers, son casting, ses producteurs... Et encore une série que j'ai mis du temps à découvrir.
Mais avant de lancer l'épisode pilote, réalisé par Maître Scorsese, j'étais plus ou moins dans le doute. Est-ce que cette production coûteuse va laisser transparaître une réalisation prétentieuse, alliant gros règlements de compte autour de gros calibres chargés et de cigarettes dans leur boite en argent ?
Oui et non en définitive. Il est bien certains qu'un récit intégrant l'univers de la mafia ne peut pas échapper aux éléments que je viens de mentionner.
Mais le point fort de "Boardwalk Empire" est que cette dimension est abordée de façon intelligente et subtile.
On découvre l'architecture d'Atlantic City, une ville en plein développement dans les années 1920. Le climat de la Prohibition règne, la Pègre est en train de naître et les premiers casinos, synonymes d'argent sale, font leur apparition.
Au milieu de ce tableau pour le moins douteux, un homme trempe ses mains dans toutes les embrouilles possibles afin de "survivre". Je vous présente Monsieur le Politicien, Enoch "Nucky" Thompson ! En réalité, ce trésorier du Parti Républicain et dirigeant de la ville mène un double jeu.
Nous sommes donc plongés dans un scénario à la fois simple et complexe. Car l'écrivain Terence Winter ne va pas se contenter de nous exposer des séquences de fusillades sanglantes ou des parties de cartes entre personnes riches et détestables. Il va creuser son récit en essayant de peindre le milieu crapuleux des politiciens, entre désirs de pouvoir, mensonges ou corruption.
C'est pour cela que nous avons à faire à un rythme assez lent (ce qui n'a pas manqué de provoquer des consternations). On pose chaque personnage, avec ses intentions, son épaisseur psychologique, ses faiblesses et ses forces. On décrit également chaque situation, en insistant sur chaque détail. Bref, on livre un vrai scénario qui n'oublie (presque) rien. On est sur un format feuilleton, autant prendre son temps.
Mais n'allez pas croire que ses détails scénaristiques fonctionnent comme des "bouches-trous". Ils sont plus que jamais nécessaires afin de nous faire rentrer totalement dans ce schéma fictionnel.
A vrai dire, le casting cinq étoiles est là pour nous y conduire, tout en nous prenant par la main.
Chaque interprétation est parfaite. Les acteurs prennent du plaisir dans leur jeu de composition et cela se ressent à chaque instant.
Cinq acteurs (d'où le casting cinq étoiles) mènent la danse (mais je n'oublie pas les autres) : Steve Buscemi, Michael Pitt, Kelly MacDonald, Micheal Shannon et Jack Huston (et son interprétation BLUFFANTE de ce héros de guerre au visage détruit).
Chacun dans leur rôle nous transporte grâce à la justesse de l'interprétation.
"Boardwalk Empire" est donc un essai cinématographique plus que convainquant. Cette série arrive à donner un autre intérêt à un genre plus qu'exploité.
En espérant que la saison 2, qui arrive en octobre prochain, suive le même chemin.
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